2017
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François Gagnon, « Des poussières et du temps, notion de temporalité hétérochrone chez Jacques Rancière et Jean-Marc Desgent », Conserveries mémorielles
En m’appuyant sur le recueil Vingtièmes siècles du poète Jean-Marc Desgent, je compte vérifier l’hypothèse de Jacques Rancière développée dans Les mots de l’histoire, essai de poétique du savoir, selon laquelle l’histoire savante construit un récit en se nourrissant de vocables sans référence fixe – hérésie, révolution, démocratie, despote, etc. – qu’elle s’en accapare pour désigner des évènements particuliers – par exemple, la mort, du roi Philippe II, le 13 septembre 1598 – bref, qu’elle fabrique l’histoire en quelques tours de littérature. À rebours, c’est dire aussi que la littérature forge et produit du temps historique inédit. Ainsi, dans le recueil poétique Vingtièmes siècles, en démultipliant les mots « charnier » et « poussière », Jean-Marc Desgent construit une temporalité fragmentée, trouée, mais habitable. L’évocation répétée des poussières et le vertige des points de suspension caractérisent cette temporalité hétérochrone du XXIe siècle, qui fait l’expérience d’un temps saccadé, aux accents multiples qui n’ignorent pas la répétition et la doublure, comme l’indique l’utilisation décalée du pluriel dans le titre du recueil Vingtièmes siècles.