La pratique nietzschéenne de l’autobiographie

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Même si l’on connaît surtout Ecce homo, l’une de ses dernières œuvres, dans laquelle Nietzsche nous livre une véritable autobiographie intellectuelle, le philosophe allemand s’est en réalité très tôt plu à la pratique de l’autobiographie. L’autoréflexion qu’il présente de son devenir fut ensuite une constante, notamment dans les Préfaces qu’il ajouta par la suite à ses plus fameux ouvrages. Mais cette constante est d’autant plus étonnante chez un auteur qui dit d’une part ne s’être jamais que médiocrement réfléchi, et d’autre part qu’il ne faut pas soupçonner le moins du monde qui l’on est pour être en mesure de devenir soi. Nous tâchons ici de dépasser cette contradiction apparente en proposant une interprétation de ce geste nietzschéen de l’autobiographie et nous nous demandons en même temps si cette pratique ne constitue et ne construit pas davantage le soi à un moment donné, peut-être même à titre d’illusion, plutôt qu’elle ne le saisit véritablement.

Even if we mainly know Ecce homo, one of his last works, in which Nietzsche gives us a real intellectual autobiography, the German philosopher actually took pleasure in the practice of autobiography very early on. The self-reflection that he presents of his future was then a constant, especially in the Prefaces that he added later to his most famous works. But this constant is all the more astonishing in an author who says, on the one hand, that he has never thought of himself more than mediocrely, and on the other hand that one should not suspect in the least who one is to be in order to be able to become oneself. We try here to go beyond this apparent contradiction by proposing an interpretation of this Nietzschean gesture of autobiography and we ask ourselves at the same time if this practice does not constitute and construct the self more, perhaps even as a of illusion, rather than