L’antipathie et la science politique de la xénophobie

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2016

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  • 20.500.13089/eip2
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Yann Rodier, « L’antipathie et la science politique de la xénophobie », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles


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Cet article s’intéresse à la fabrique de la figure de l’étranger dans la littérature polémique, de la régence de Marie de Médicis à la fin de la monarchie ministérielle. Ce demi-siècle voit l’émergence d’un (res)sentiment national polarisé à la fois autour de l’amour de la patrie et de la xénophobie. Relayée par le discours misologique des libelles contre l’étranger, la xénophobie traduit moins l’essentialisation de l’altérité honnie que l’usage de stratégies politiques opportunes, celle des princes contre le gouvernement italien de la régente puis celle des ministres contre les ennemis d’État espagnols. Au service du pouvoir royal, des théoriciens – le jésuite François Loryot, le docteur Carlos García et François La Mothe Le Vayer – vont tantôt infirmer, tantôt justifier la thèse d’une antipathie naturelle contre l’étranger, faisant de la xénophobie une véritable science politique de l’antipathie. Les vecteurs médiatiques auxquels recourent Richelieu et Mazarin durant la guerre de Trente Ans l’utilisent pour entériner leur diplomatie. Au-delà de la mythologisation de l’étranger, opposé au Français naturel, la catégorisation juridique de l’étranger justifie son exclusion de la sphère politique et publique. Défini comme un sujet naturellement porté à aimer son unique patrie, l’étranger, même naturalisé, ne saurait servir le royaume qui l’accueille malgré un espace curial beaucoup plus ouvert à l’étranger. Un décalage s’observe entre la définition politique, juridique et sociale de l’Étranger. En ce sens, par le recours à la médiatisation d’une passion d’État xénophobe, l’État du premier xviie siècle entre pleinement dans la modernité politique.

This article focuses on the construction of the figure of the foreigner in polemical literature, from the regency of Marie de’ Medici to the end of the ministerial monarchy. This half century saw the emergence of a polarized national sentiment and resentment, around both love of the homeland and xenophobia. Conveyed by the defamatory misological discourse against foreigners, xenophobia reflects less the essentialization of abhorred alterity than the exercise of judicious political strategies, that of the princes against the regent’s Italian government, then that of the ministers against the enemies of the Spanish state. In the service of royal power, theorists – the Jesuit François Loryot, the doctor Carlos García and François La Mothe Le Vayer – will sometimes contradict, sometimes justify the thesis of a natural hostility towards the foreigner, making xenophobia a real political science of antipathy. The media vectors Richelieu and Mazarin used during the Thirty Years’ War employed xenophobia to endorse their diplomacy. Beyond the mythologizing of the foreigner, as opposed to the native French, the legal categorization of foreigners justified their exclusion from the political and public sphere. Defined as subjects naturally inclined to love only their homeland, foreigners, even naturalized ones, could not serve the kingdom that welcomed them, despite a curial space much more open to foreigners. There is a discrepancy between the political, legal and social definition of the foreigner. In this sense, through the mediatization of a xenophobic state passion, the first seventeenth-century state fully embraced political modernity.

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