2020
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https://doi.org/10.4000/cve.6872
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Carole Delhorme, « Embracing and Rejecting the Ruskinian Heritage in Wilde’s Aesthetic Theories », Cahiers victoriens et édouardiens
Cet article vise à évaluer la réception et l’influence des idées de Ruskin chez Oscar Wilde, tout particulièrement dans ses théories esthétiques. Il a pour objectif principal d’examiner dans quelle mesure les positions esthétiques d’Oscar Wilde sont tributaires des enseignements du Slade Professor, mais également dans quelle mesure elles témoignent d’une prise de distance vis-à-vis de ceux-ci. Les conférences que Wilde donna lors de sa tournée américaine en 1882 visaient à propager par-delà l’Atlantique l’évangile du Mouvement Esthétique dans les beaux-arts et les arts décoratifs ; faisant écho au rejet de l’environnement urbain et industriel chez Ruskin, ainsi que des modes de production capitalistes, les conférences proclamaient l’importance de la beauté dans l’environnement quotidien, le lien entre la beauté et l’utilité et mettaient en avant la mission sociale de l’art. Pourtant, presque dix ans plus tard, lorsque Wilde rejette l’imitation de la nature dans Intentions (1891) ou lorsqu’il dissocie l’art et l’utilité dans la Préface à The Picture of Dorian Gray (1891), il semble s’inscrire en porte à faux vis-à-vis de Ruskin. Si cet écart provient en partie d’une évolution propre à la pensée de Wilde, il semble qu’il est révélateur de l’ambivalence de la position de Ruskin vis-à-vis du Mouvement Esthétique en général. D’une part, l’attention portée à la beauté et aux qualités purement esthétiques des œuvres fait de Ruskin l’un des pères du Mouvement Esthétique. D’autre part, le lien indissociable entre l’art et la moralité dans la pensée de Ruskin en fait un ardent opposant à la doctrine de l’art pour l’art. Ainsi, l’ambivalence de l’héritage ruskinien chez Wilde révèle en réalité le paradoxe de la position de Ruskin vis-à-vis du Mouvement Esthétique, et vis-à-vis de la modernité esthétique en général.