2022
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https://doi.org/10.4000/droitcultures.7204
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Marjorie Coulas, « Le corps des femmes : la place des filles-mères dans la « pyramide normative » chrétienne. Approche juridique et anthropologique des filles-mères dans la France médiévale (xiie-xve siècles) », Droit et Cultures
Les mères célibataires, autrefois appelées filles-mères, ont toujours tenu une place singulière dans la représentation féminine chrétienne. Depuis l’avènement du christianisme, les femmes se voient attribuer une place dans la société, en fonction de l’usage qu’elles font de leur corps : la vierge, la mère et la prostituée. La vierge est au sommet de la pyramide, encensée pour le contrôle qu’elle exerce sur son corps et sa vie, dévoués tous deux au Christ. La mère, rôle naturel de la femme, se place en seconde position de cette pyramide normative. Sa fonction, qui lui vient de la Genèse (1.28) « Croissez et multipliez-vous et remplissez la Terre », est encadrée par les lois canoniques. La prostituée, enfin, forme la base de cette pyramide. Mais si les Pères de l’Église considèrent la prostitution comme une abomination, les canonistes et la société, notamment celle du Moyen-Âge, voit en la prostituée une nécessité sociale. La prostituée est protégée, voire comprise. La fille-mère ne correspond à aucun de ces standards. Ce n’est ni Ève, la tentatrice, ni Marie, la vierge-mère. Si elle est mère, elle ne l’est pas selon les règles canoniques. Peu importe la raison qui l’a amenée à se retrouver mère, elle est nécessairement fautive. Sa faute : avoir succombé à la tentation suprême, l’appel du corps. La question est donc de savoir quelle place lui accorde les canonistes et les moralistes du Moyen-Âge dans la pyramide normative chrétienne.