2007
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https://doi.org/10.4000/ebc.9481
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Pascale Tollance, « Le dépouillement ou l’épreuve de l’étrange dans Field Study de Rachel Seiffert », Études britanniques contemporaines
Dans ce deuxième ouvrage, recueil de onze nouvelles, Seiffert décline de page en page la rencontre avec l’étrange et l’inconnu, qu’il vienne d’ailleurs et de nulle part, ou qu’il soit proche et intime. Mais dans tous ces face-à-face, l’étrange est également le fait d’une écriture intensément dépouillée qui creuse les écarts et dénude les choses afin de les montrer autres. L’étranger dans les nouvelles est d’abord ce texte qui, quoique simple et lisse, se met en avant comme texte tout en aspirant à l’impersonnalité et au silence de l’image photographique ou filmique. Comme les personnages, le lecteur est amené à faire l’expérience de la distance et de l’écart. Comme eux aussi, il est invité à un rapport aux choses qui se voudrait plus direct et plus intense. L’épreuve de l’étrange est épreuve de la résistance et de l’opacité d’un monde qu’on ne saurait s’approprier, de la limite que rencontre le désir de se connaître ou de se comprendre. C’est aussi la recherche d’un autre regard et d’un autre langage, la quête dans l’être-là des choses et dans la matérialité des mots d’un silence grâce auquel ils ne sont jamais clos sur eux-mêmes. L’étrange est alors l’inconnue qui ouvre l’espace du possible, l’inconnue qui donne à la langue intensément concrète de Seiffert sa dimension poétique.