2010
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https://doi.org/10.4000/ei.192
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Bruno Lautier, « « Qui ne dit mot consent – qui consent ne dit mot » », Économie et Institutions
Cet article examine les usages massifs faits du mot « consensus » dans le champ du développement depuis le « consensus de Washington » (consensus de Beijing, Copenhague, Monterrey etc.). Après avoir rappelé la longue histoire de cette notion dans les traditions philosophique et sociologique, et la variété de ses usages dans les sciences sociales (particulièrement en psychologie sociale), il montre la place prise récemment par les théories du « consensus building ». Ces théories ont été présentées comme une alternative aux règles de fonctionnement des assemblées (les Robert’s Rules), par une organisation liée au MIT et à l’Université de Harvard (le Consensus Building Institute). Dans un premier temps, le CBI a développé sa technique de prise de décision consensuelle à propos de questions touchant aux équipements collectifs ou à l’environnement. Puis, dès le début des années 2000, il est intervenu dans le domaine du développement, et a fortement influencé les institutions de l’ONU, les banques de développement et diverses agences.Les consensus sont de nature très diverse. Mais, dans tous les cas, l’appel au consensus joue la même fonction politique : rendre illégitime tout débat et interdire toute parole discordante. Présenté comme l’héritier de « l’accord » aristotélicien, le consensus est la négation de la démocratie.