2014
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/ft4s
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https://doi.org/10.4000/episteme.290
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Alexis Lévrier, « D’Addison à Marivaux : le modèle du Spectator à l’épreuve des contraintes françaises », Études Épistémè
Cette étude s’interroge sur les libertés que Marivaux a prises en adaptant en France le modèle du Spectator. Elle tente de montrer qu’il ne s’agit peut-être pas seulement, précisément, de « libertés » : pour une partie d’entre elles, ces transformations sont en effet subies, dans la mesure où Marivaux doit faire face aux contraintes politiques, techniques, professionnelles et culturelles qui ont longtemps freiné le développement du journalisme en France. Il lui est en particulier presque impossible d’aborder frontalement l’actualité politique et sociale, comme le faisaient Addison et Steele dans leur périodique.Certes, les six premières feuilles du Spectateur français peuvent malgré tout être considérées comme des chroniques de la vie sociale parisienne : dans ces premières livraisons, Marivaux, à l’image de ses modèles anglais, fait de son Spectateur un promeneur attentif aux scènes qui se déroulent sous ses yeux. Mais, même lorsqu’il tente de saisir l’actualité sur le vif, il fait le choix du détour et raconte les marges de l’événement plutôt que l’événement lui-même.Pourtant, Marivaux a bel et bien fait la preuve, dans ses trois journaux, de son goût pour un journalisme polémique, et pour une écriture mordante, incisive, engagée. Il est ainsi capable de réagir dans l’urgence, d’invectiver un adversaire et de modifier au dernier moment le contenu d’un numéro pour tenir compte de l’actualité. Mais il ne le fait que dans le cadre restreint, et autorisé par la censure, des querelles littéraires de son temps ou des débats qui l’opposent aux détracteurs de son style.