2012
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/ft4u
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https://doi.org/10.4000/episteme.392
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Christine Sukic, « “Stella is not here”: Sidney’s acts of writing as acts of erasing », Études Épistémè
Dans Astrophil and Stella, Sidney met l’accent sur la dimension concrète de l’écriture poétique en évoquant l’acte d’écriture par des références aux objets matériels de l’inscription (l’encre, le papier, la plume, la pierre, les lettres, l’action d’écrire à travers l’utilisation de verbes comme « graver » ou « imprimer »…), mais aussi aux mots et aux lettres sur la page. Ces exemples semblent montrer un sens aigu du statut d’auteur de la part de Sidney. Mais en même temps, l’acte d’écriture est aussi remis en question dans le recueil, d’abord par le sujet même (une maîtresse inaccessible et distante, à la manière de la Laura de Pétrarque, qui n’est en fait qu’un mot sur la page, une « présence absente »), et par l’effacement fréquent des mots sur la page alors que le poète est en train d’écrire. Le poète utilise des procédés d’autoréfléxivité alors même qu’il dit ne pouvoir écrire. Sidney affirme donc son identité de poète à travers ces actes d’écriture contradictoires. Il est en fait, comme son contemporain Montaigne, « lui-même la matière de son livre ». Même si, comme nombre de poètes européens de la même période, il écrit de la poésie amoureuse censée placer la femme au centre de son œuvre, c’est le poète lui-même qui prend cette place centrale alors que Stella est effacée de la page.