2010
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Frédéric SOUNAC, « Regard noir sur la Cité des Anges : James Ellroy », E-rea
Le mythe de Los Angeles, largement associé à l’immensité de la ville et à la présence en son sein d’Hollywood, est en grande partie une création du roman noir : cité sismique, Sodome moderne, la « Cité des anges » est souvent décrite comme un lieu violent, pulsionnel, où toute tentative de rachat individuel est rendue impossible par l’omniprésence de la corruption. La décadence de la ville-monde, telle qu’elle est analysée de manière résolument pessimiste par le géographe Mike Davis dans Au-delà de Blade Runner, trouve dans les romans de Michael Connelly et de James Ellroy une puissante représentation fictionnelle. Le premier, à travers les errances de son détective Harry Bosch, tient un discours de type élégiaque, tandis que le deuxième, en élaborant une sorte de « réalisme tragique », élève la ville au rang d’allégorie de la Faute et du Mal. L’œuvre d’Ellroy, en particulier, repose sur un arpentage minutieux et obsessionnel des quartiers de Los Angeles, une observation cruelle de sa sociologie et de son histoire, un rapport de haine-amour avec son architecture : le schéma d’enquête, chez lui, relève d’une quête souvent fatale de la mémoire dans une cité que sa rage autodestructrice et ses mutations incessantes vouent à l’amnésie.