2013
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/fuyt
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https://doi.org/10.4000/erea.2966
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Maria TANG, « Bodies at risk: Ambiguous subjectivities in Arlington Park.A Beauvoirean perspective », E-rea
Dans le « livre de la répétition » qu’est Arlington Park, Rachel Cusk court le « risque du féminin », d’une façon qui n’est pas sans rappeler le paradigme de la différence sexuelle à la fois mis en lumière et attaqué par Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe. Nous nous intéresserons d’abord à la manière dont les femmes d’Arlington Park sont (pour utiliser un vocabulaire beauvoirien) embourbées dans l’immanence et la facticité, séparées de la transcendance qui leur permettrait d’atteindre à la subjectivité. Cusk s’efforce de montrer les ambiguïtés de l’existence de ses personnages féminins, qui sont conduits à choisir ce qui justement va être source d’oppression pour elles. L’écriture féminine de Cusk s’intéresse donc moins à la question de « l’identité féminine », qu’à celles de l’action et du choix qui limitent la liberté individuelle d’une manière ambiguë et contradictoire, ce qui aboutit à diviser le sujet. C’est bien l’ambiguïté qui est au cœur d’Arlington Park, où les personnages féminins sont présentés comme des « corps à risque », qui cherchent tous de nouvelles modalités d’entrer en contact avec l’autre sans être emmurés dans les représentations dominantes de la féminité, mais sans en être exclus toutefois. Les femmes de Cusk font l’expérience du risque inhérent aux espaces partagés de la maison, qui inclut l’autre en soi et demande ouverture, générosité et exposition au regard de l’autre. En fondant ce travail sur la lecture de la philosophie de Beauvoir proposée par Frederika Scarth, cet article analyse la manière dont l’expérience vécue par les femmes est dramatisée dans le roman comme une sorte de risque qui n’est pas seulement physique mais ontologique. C’est un risque que le roman de Cusk représente comme un acte créatif réel.