2023
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/fvpa
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https://doi.org/10.4000/erea.15855
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Marie LANIEL, « Solvitur ambulando: The Peripatetic Essay from Leslie Stephen to Virginia Woolf », E-rea
Cet article propose de mettre en lumière certaines similitudes entre les essais périodiques publiés par le critique victorien Leslie Stephen (1832-1904) et l’auteure moderniste Virginia Woolf (1882-1941), en analysant un certain type d’essai, « l’essai péripatétique », qui utilise la marche comme principe structurant (Forsdick 48) et dont le père et la fille usèrent chacun de manière fréquente. Bien que publiés à presque cinquante ans d’écart, « London Walks » (1880) et « Street Haunting » (1927) témoignent de l’intérêt commun de leurs auteurs pour la culture matérielle de leur temps et de leur attachement à la tradition empirique anglaise, une tradition incarnée par la devise adoptée par Stephen lorsqu’il dirigeait les « Sunday Tramps » : « solvitur ambulando », « résolu en marchant » ou « résolu par l’expérience pratique », formule qui associe la preuve empirique à l’acte de marcher (Maitland 366). L’essai péripatétique, parce qu’il repose sur « l’alternance de la réflexion et de la perception », « de la conscience de soi et de la conscience du monde extérieur », de « l’expérience mentale et physique » (Gilbert in Forsdick 47-8), permet aux deux écrivains de livrer au lecteur une pensée incarnée, fondée sur la sensation. Le rapprochement avec les essais de Stephen permet de mesurer l’ampleur du processus de révision auquel Woolf soumet le genre : tandis que l’essayiste victorien, qui se décrit comme « un misoscope invétéré » (224), refuse de se laisser absorber ou aliéner par le flux des perceptions visuelles, dont la seule fonction est, selon lui, de promouvoir sa réflexion (234), la persona woolfienne suit le flux erratique des sensations et fracture l’unité supposée du moi, en adoptant successivement une multiplicité d’identités contradictoires, qui abolissent les frontières de la personnalité.