De la place du village aux scènes internationales

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1996

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  • 20.500.13089/g099
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Vincent Zanetti, « De la place du village aux scènes internationales », Cahiers d’ethnomusicologie


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Propulsé sur le devant des scènes occidentales par la mise en place des ballets nationaux du Mali, de la Guinée et du Sénégal, le jembe a probablement été marqué plus que tout autre instrument par les transformations sociales et culturelles qui touchent en profondeur toute l’Afrique de l’Ouest depuis le début des années 1960. Du fait de son extrême popularité auprès des musiciens européens et nord-américains, ce tambour d’origine malinké est désormais joué par les percussionnistes de toutes les ethnies, dans tous les pays où l’on trouve des communautés mandingues, et s’impose aujourd’hui dans toutes sortes de répertoires anciens ou nouveaux, au détriment parfois des instruments utilisés traditionnellement par les batteurs. Son propre répertoire traditionnel est certes repris, tant par les musiciens de ballets que par les batteurs de rue, mais, extrait du contexte culturel dans lequel il est né, il tend à perdre sa diversité et son originalité. Obligés pour survivre de s’adapter à la demande locale, les batteurs de rue connaissent encore certains rythmes liés aux cultures musicales respectives des différents groupes ethniques dont ils doivent animer les fêtes, mais leur style est de plus en plus marqué par celui des ballets, d’une part, et d’autre part par les enregistrements de quelques solistes malinké fameux, qui avaient d’ailleurs participé à la création des ballets, mais qui reprennent aujourd’hui les rythmes traditionnels de leur pays. La volonté de ceux-ci est tout à fait louable, puisqu’il s’agit pour eux de préserver un répertoire, mais les jeunes jembefola qui reprennent leur musique n’en retiennent le plus souvent que la virtuosité : ils ne savent pas à quoi correspondent les rythmes et préfèrent ne garder que ce qui peut enrichir leur jeu de solistes. Quant à ceux qui ont la chance de voyager hors d’Afrique, ils se rendent vite compte que pour tourner en Europe ou en Amérique, ils sont condamnés soit à suivre les modes du moment, soit à innover et à s’imposer grâce à une démarche originale. Dans tous les cas, c’est toujours l’Occident qui sert de révélateur et qui pousse le musicien à sortir des sentiers battus, que ce soit en retournant aux sources de sa musique ou en cherchant sa voie dans de nouveaux genres musicaux. Face à toutes ces mutations rapides et profondes, le chercheur qui voudrait en marquer les différentes étapes et en comprendre les mécanismes n’a alors pas d’autre choix que de procéder par monographies spécialisées, s’intéressant aussi bien aux répertoires de villages qu’à ceux pratiqués par les batteurs de rue dans les grandes villes, en tenant compte des influences externes. Alors seulement il peut les comparer et les analyser à la lumière des éléments ethnographiques qu’il aura pu rassembler. Paradoxalement, à l’heure où l’on trouve des jembe sur toutes les scènes de la world music, ce travail a tout juste été amorcé et tout reste à faire…

 Thrown onto the stages of the Western world by the creation of national ballets in Mali, Guinea and Senegal, the jembe has probably been more affected than any other instrument by the profound social and cultural transformations affecting the whole of Western Africa since the nineteen sixties. Because of its great popularity with European and North American musicians, this drum of Malinke origin is now being played by percussionists of all ethnic backgrounds, in all countries where Mandingue communities are to be found and is asserting itself in all kinds of different repertoires both old and new, sometimes to the detriment of instruments traditionally used by drummers. While it is true that its traditional repertoire is still played, both by ballet musicians and street troubadours, deprived of its cultural birthplace, it is tending to lose its diversity and originality. While musicians and troubadours who are obliged to meet the demands of a local community in order to survive, still know some of the rhythms of the different ethnic communities they entertain, their music is increasingly influenced by the ballet style and by a few famous Malinke soloists, who had also participated in the creation of the ballets, but who are today, taking up the traditional rhythms of their countries. Their desire to do so is quite laudable, since for them it shows a wish to preserve a repertoire, but the young jembefola who in turn take up their music, retain, for the most part, only their virtuosity. They do not know what the rhythms correspond to and discard everything that does not enhance their solo performances. As for those who have the chance to travel outside Africa, they quickly realise that to play professionally in Europe or America, they have no choice but to either follow the fashions of the moment or to innovate and to ‘make it’ by producing something really original. Either way, it is always the West that provides the ‘revelation’ by pushing the musician off the beaten track, either back to his musical roots or towards new musical genre.Faced with all these rapid and profound transformations, the researcher who wishes to outline the different stages and mechanisms of the process, has no choice other than to proceed by pin-point monographs investigating, on an equal footing, village repertoires and those played by troubadours in big cities and take into account outside influences. Only in this way can he analyse and compare, in the light of ethnographic information, what he has been able to compile. Paradoxically, at a time when jembe is on all ‘world music’ stages, this task has only just begun and a great deal still has to be done.

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