2015
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Frédéric Sounac, « L’argent chez Dominique Manotti : aux sources noires d’une névrose française », Revue critique de fixxion française contemporaine
L’œuvre de Dominique Manotti, qui ausculte à la faveur du roman noir les arcanes de la politique française depuis le début des années 80, abonde en représentations de l’argent : sa toute-puissance totémique dans un monde dominé par l’expertise économique, ses liens indéfectibles avec les carrières politiques et les structures du pouvoir, la griserie, parfois de nature érotique, à laquelle il est associé. La violence de l’univers de Manotti, sous-tendue par une analyse des processus sociaux-économiques marquée à gauche, repose en grande partie sur une anatomie fascinée de la pulsion d’enrichissement et des “années fric”. Pourtant, en France, il est de tradition, pour des raisons de morale civique et religieuse, de condamner l’argent. On formulera l’hypothèse, autour du roman intitulé Le Corps noir, que ce grand déni national a pour origine la période de l’occupation allemande, vécue par la plupart des grands figures de la cinquième République, et qui vit la constitution souterraine comme l’essor paradoxal, entaché de honte, de grandes fortunes françaises.