2016
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Ivan Sand, « Les territoires qui fondent la projection aérienne des armées françaises (1945-1949) », Revue de géographie historique
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les dirigeants militaires français font le constat des progrès accomplis dans le secteur du transport aérien et tirent les leçons des nombreuses opérations alliées ayant eu recours à ce domaine. Parallèlement, les troubles qui éclatent dans certains territoires de l’Union Française situés à des milliers de kilomètres de la métropole conduisent les armées à envisager un accroissement de ses moyens aériens. Dans ce contexte, on peut s’interroger sur le rôle qu’ont joué ces territoires d’outre-mer dans la conceptualisation d’une véritable projection aérienne, avant même l’apparition de cette expression. Par ailleurs, à quelles réalités opérationnelles s’est heurté ce concept au cours des premières années de cette période de décolonisation ? Au vue des écrits des militaires de l’armée de l’air entre 1945 et 1949, il est possible d’identifier une pensée géographique de la projection aérienne, construite dans un premier temps en miroir des modèles américains et britanniques puis dans un second temps en fonction des contraintes propres aux théâtres d’opérations de unités françaises. En effet, dès 1946, l’Indochine occupe une place de choix dans le développement d’un savoir-faire des transporteurs aériens militaires français, qui prennent en charge le ravitaillement par les airs de zones enclavées et la projection aérienne des troupes aéroportées. L’insurrection malgache qui éclate quelques mois plus tard renforce l’image de l’aviation militaire comme outil idéal en vue de s’assurer du contrôle de territoires éloignés des principales bases des armées et dont la géographie restreint considérablement les communications par voie terrestre. Cependant, de même que pour le vaste territoire indochinois, les opérations à Madagascar constituent également l’occasion pour les états-majors français de faire le constat des manques dans le domaine du transport lourd de l’armée de l’air. En vue de projeter ses forces à plus de 8000 kilomètres de la métropole, celle-ci doit ainsi fonctionner grâce à un réseau de points d’appui dont les pistes sommaires restreignent parfois les temps de déploiement. Les demandes répétées de ses chefs d’état-major ne permettront toutefois pas à l’armée de l’air de s’engager vers ce type d’acquisitions du fait de la priorité donnée à la défense de l’Europe dans le contexte de la guerre froide.