2018
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https://doi.org/10.4000/interfaces.478
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Barbara Grespi, « Dans la paume de la main : L’archéologie du cinéma en un geste », Interfaces
Il n’est sans doute aucun geste que l’homme contemporain ne connaisse le mieux et n’accomplisse avec le plus de fréquence que regarder la paume de sa main en tenant un dispositif technique : la posture qu’il prend est très reconnaissable, en partie induite par les nouvelles technologies, en partie mémoire de gestes très anciens où la paume de la main était utilisée comme une surface à lire ou à consulter. À partir de la seconde moitié du XIXème siècle, avec la résurgence de différents savoirs de la main à la frontière entre science et magie, le geste devient une manière de configurer avec le corps un dispositif de visualisation qui, à certains égards, préfigure le cinéma : selon la nouvelle chiromancie, la paume donne forme au temps en recoupant passé et futur tandis que selon la nouvelle chirognomonie, il s’agit d’un miroir où se reflètent l’homme, ses caractéristiques psychologiques ainsi que ses gestes (sténographiés entre les plis cutanés, selon une ancienne pratique d’enseignement de la musique mais aussi selon les idées de certaines théoriciens du cinéma, comme Sergei M. Eisenstein, qui y font référence). C’est là un exemple de ce qu’affirmait un anthropologue éclectique comme Marcel Jousse, à savoir que certains gestes humains représentent une forme de pensée corporelle à travers laquelle l’homme a imaginé et anticipé la technique. Le cinéma lui-même semble se reconnaître dans ce geste primaire puisqu’il présente le motif de la paume comme un écran sur lequel défilent des images animées au début du XXème siècle déjà, pour le développer ensuite à fond, surtout au cours des années vingt. L’archéologie des médias reconnaît-elle donc dans le geste un de ses propres objets ?