2018
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https://doi.org/10.4000/interfaces.596
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Pascale Borrel, « Gestes de surface : Touching Reality de Thomas Hirschhorn et What Shall We Do Next? de Julien Prévieux », Interfaces
Si l’on peut mettre en relation des œuvres aussi différentes que Touching Reality de Thomas Hirschhorn (2012) et What Shall We Do Next de Julien Prévieux (2006-2014) c’est parce qu’elles consistent, l’une et l’autre, en une représentation de gestes définis par les technologies numériques. Touching Reality est une vidéo qui, en une projection de taille imposante, montre des photographies de corps mutilés qu’une main de femme fait défiler et agrandit sur un écran tactile. What Shall We Do Next comprend un film d’animation et une pièce chorégraphique consistant en une suite de mouvements « à vide » ; il s’agit de gestes que les fabricants d’ordinateurs et de consoles de jeux ont fait breveter auprès de l’agence américaine USPO, des manipulations relatives à des appareils pour l’heure à l’état d’étude. C’est de la représentation que ces artistes ont choisi de donner de ces nouvelles « techniques du corps » qu’il sera question : du type de mouvements que ces œuvres mettent en évidence et de la manière dont ces artistes articulent ces manipulations avec le réel. L’action du corps se réduit ici à celle de la main. Thomas Hirschhorn présente et Julien Prévieux suggère son glissement sur les écrans ; ils montrent différentes orchestrations des doigts sur leur surface lisse et font percevoir la singularité de ces manipulations familières ou à venir, singularité qui réside dans une combinaison de précision délicate et de systématisme froid. En associant à ces effleurements un défilement d’images de corps détruits trouvés sur les réseaux sociaux, Thomas Hirschhorn indique sur un mode délibérément cru la violence qui réside dans cette « atopie fugitive » (Mondzain). Si l’œuvre de Julien Prévieux consiste à ne pas figurer explicitement ce réel, c’est toutefois à une forme équivalente de violence que cet enchainement de gestes atones semble se référer.