2018
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/kprr
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https://doi.org/10.4000/signata.1475
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Dominique Boutet et al., « Systèmes graphématiques et écritures des langues signées », Signata
Depuis quelques décennies, les langues des signes (LS) connaissent l’apparition de systèmes de notations qui s’inscrivent dans une pratique dominée par les écritures de langues vocales (LV). Alors que ces dernières sont caractérisées par une rupture de modalité entre l’écrit et l’oral, les LS introduisent la situation inédite d’un possible partage des modalités en convoquant dans leur production les mêmes articulateurs (le membre supérieur) et dans leur réception la même modalité visuelle. Ces circonstances de partage des mêmes modalités gestuo-visuelle placent l’écriture et l’oralité des LS dans un rapport de coexistence, voire de sémiotiques partagées. L’acte d’écrire peut alors se manifester comme une inscription des dimensions formelles (parfois hautement graphiques) et gestuelles intrinsèques de l’oralité et de l’expression des LS. Nous chercherons dans cet article à développer les fondements d’une approche analogique visuo-gestuelle ancrée d’une part dans l’oralité, c’est à dire le geste, et d’autre part dans le tracé comme vecteur de sens communs à la langue et son écriture. Considérer ainsi l’expérience scripturale trouve un écho dans la théorie cognitive de l’énaction (Varela et al., 1991) ou plus généralement dans les hypothèses portant sur la cognition incarnée.Nous présenterons trois des principaux systèmes de notation actuellement en usage, dont l’usage est le plus souvent limité aux chercheurs en linguistique de ces langues. Les principales caractéristiques de ces systèmes de notation seront abordées ; il s’agit de leur lisibilité en lien avec le formalisme sur lequel ils s’appuient, et aussi de leur capacité à être écrits et maniés (en particulier au regard du principe de linéarité des écritures existantes). Dans une deuxième partie, les problématiques que l’écriture des LS posent seront exposées en détails : l’articulation des modalités de production et des modalités sémiotique orale/écrite, les domaines analogiques exploitables dans la construction des principes glyphiques et les rapports sémiotiques nouveaux entre traces et tracés qu’apporte l’écriture des LS. Dans la troisième partie, quelques éléments des théories sur l’écriture seront examinés au regard de ce qu’une écriture des LS apporte. Ils seront illustrés par le système de notation pour les LS appelé « Typannot » (sur lequel les auteurs du présent article travaillent) et plus spécifiquement par ses choix graphématiques et typographiques. Nous développons pour cela une réflexion à plusieurs niveaux rendant compte de ce couplage entre la technique et notre activité scripturale, portant sur la lisibilité, la modularité, la scripturalité et l’automatisation (requêtabilité). Ces critères constituent le cadre d’une réflexion prenant racine dans les systèmes d’écriture des LV pour évoluer vers des problématiques proprement liées aux modalités gestuelles et formelles des LS.