2013
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Chantal Schütz, « Desdemona’s changing voices: from the “Willow Song” to the “Canzona del Salice” », Sillages critiques
La Chanson du Saule de l’Othello de Shakespeare présente un réseau complexe de processus mimétiques: un acteur enfant joue le rôle féminin de Desdémone, qui imite le chant d’une servante nommée Barbara dont la chanson décrivait les plaintes d’un amoureux chantant ou soupirant au pied d’un arbre. L’impression laissée sur le public de la Renaissance par la scène de la mort de Desdémone incarnée par un jeune acteur semble bien avoir été aussi forte que le souvenir du chant de Barbara sur le personnage – c’est même ce détail « réaliste » qui permet au personnage d’Emilia de mener plus loin encore le processus mimétique grâce à la métaphore du chant du cygne.Le xixème siècle a vu ce processus mimétique se prolonger grâce à l’opéra éponyme de Rossini, écrit en 1816. Cet article se penche sur le passage d’une relation métonymique entre le personnage théâtral et sa représentation par la soprano Maria Malibran à une relation métaphorique qui a progressivement substitué la chanteuse au personnage de Desdémone. Au point que la scène du Saule, qui avait été purement et simplement excisée de l’univers scénique anglais, y a été réintroduite sous l’influence de la version lyrique, restituant ainsi une voix adulte à un personnage qui avait longtemps été réduit à une femme-enfant presque dénuée d’identité vocale. La Desdémone de Verdi ferme ce cycle en se présentant comme un personnage dont la maturité vocale nourrit le pouvoir affectif bien au-delà des moyens du théâtre parlé.