2011
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https://doi.org/10.4000/tc.5219
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Romain Simenel, « Comment domestiquer une forêt sans les hommes ? », Techniques & culture
« Forêt domestique », « forêt rurale », « forêt paysanne », « forêt anthropique »… les qualificatifs foisonnent pour désigner des écosystèmes considérés jusqu’à peu comme naturels et caractérisés aujourd’hui par l’histoire de leurs relations positives avec l’homme. Mais encore faut-il savoir de quelle histoire parle-t-on. Pour les forêts d’arganiers (Argania spinosa) endémiques du Sud marocain, plus précisément chez les Aït Ba’amran, leur existence est du à un processus d’afforestation basé sur la complémentarité entre l’impact sur le long terme des techniques d’aménagement du sol et un système coutumier de mise en défens des ressources forestières régi au nom de pratiques religieuses. Cependant, ce processus d’afforestation ne répond guère à des intentions écologiques concrètes, mais plutôt à des attentes sociales et religieuses. Dans le cas de l’arganier, les paysans du Sud marocain vont jusqu’à dénier tout impact anthropique sur l’expansion des forêts, alors qu’ils ne cessent pourtant, depuis des générations, de traiter l’arbre comme une véritable espèce domestique. L’image du paysan autochtone ayant façonné de générations en générations la forêt d’arganiers est ainsi aux antipodes de celle que se font d’eux-mêmes les Aït Ba’amran : celle de nouveaux arrivants. Mais si, à leurs yeux, la forêt n’est pas anthropique, elle n’en reste pas moins domestique.