2011
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Mélanie Roussel, « Des trajectoires irréversibles renversées », Temporalités
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, une industrie textile paternaliste, Saint Frères, envahit la vallée de la Nièvre dans la Somme, en y implantant plusieurs usines et nombre d’institutions patronales. Ces établissements offrent alors à des milliers d’habitants « l’emploi à vie », bornant ainsi leur quotidien. Avec la crise de 1929, la société recourt à une mise au chômage partiel et aux licenciements. À l’aube de la crise, le 30 juin 1931, 9 448 travailleurs œuvrent dans les 14 unités de production de la Somme. Le 20 juin 1932, on n’en comptabilise plus que 7 924. Pour un certain nombre d'entre eux, cette crise intervient comme une véritable rupture et non comme une discontinuité dans une trajectoire de vie pourtant pensée par eux comme irréversible. Cette érosion des « bornes temporelles » est plus ou moins importante selon que l’on appartient au groupe des reclassés, des chômeurs partiels, des chômeurs complets (« passagers », « mis de côté », « excommuniés »), et en fonction du lieu de résidence (« du dedans » et « du dehors »). En arrière-plan de ces expériences disparates du chômage, ce sont des manières différenciées de vivre la condition ouvrière qui se profilent, mettant à mal l’unité de classe.