2012
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https://doi.org/10.4000/terrain.14594
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Joël Candau, « Pourquoi coopérer », Terrain
Notre espèce est la seule où on observe des coopérations fortes, régulières, diverses, risquées, étendues et supposant des sanctions parfois coûteuses entre individus sans relations de parenté. À ce titre, la coopération humaine constitue un défi tout autant à la théorie la plus orthodoxe de l’évolution, arc-boutée sur la notion de compétition entre individus uniquement préoccupés par leur propre reproduction, qu’à la théorie économique classique fondée sur l’existence d’acteurs « égoïstes » entièrement voués à la maximisation de leurs intérêts. Il y a donc là un fait anthropologique qui demande à être expliqué. L’approche proposée ici consiste à opposer deux formes de la coopération, l’une dite fermée – bornée à la parenté ou au groupe d’appartenance – et l’autre dite ouverte, débordant ces limites. Cette approche a) offre une grille de lecture de la masse considérable de données rassemblées sur la coopération ; b) met en évidence une spécificité d’Homo sapiens : son aptitude à des formes de coopération toujours plus ouvertes ; c) est à longue portée anthropologique, en ce sens qu’elle induit la question des choix politiques qui peuvent favoriser une coopération ouverte ou fermée.