Force de la pudeur

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2012

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  • 20.500.13089/lkr4
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Résumé Fr En

Cet article se propose de montrer comment la sexualité constitue un lieu stratégique de la bataille abolitionniste menée par les récits d’esclaves. L’étude de la première scène de flagellation de l’autobiographie de Douglass, publiée en 1845, permet d’examiner un exemple de la façon dont est suggérée une tyrannie sexuelle à peine dicible dans un contexte régi par de strictes règles de bienséance narrative. D’autres récits d’esclaves sont ensuite examinés pour montrer comment la pudeur des narrateurs n’est pas une simple soumission à la pudibonderie ambiante mais une stratégie rhétorique visant à opposer le fugitif, soumis à des valeurs morales conservatrices, aux maîtres coupables de brouiller les frontières conventionnelles entre le masculin et le féminin, le Noir et le Blanc, l’animal et l’humain. Dès lors, et même s’ils tentent de contester les valeurs associées à ce type d’oppositions, les narrateurs de récits d’esclaves se retrouvent prisonniers d’un modèle conservateur qui consacre leur infériorité. Leur soumission au lectorat abolitionniste a toutefois ses limites et la pudeur leur permet aussi de protéger leur intimité d’un lectorat avide de sensations.

This paper focuses on the strategic importance of sexuality in the abolitionist battle waged by slave narratives. The first whipping scene in Douglass’s 1845 autobiography is studied as an example of the way the almost unspeakable sexual tyranny of the masters manages to be suggested in spite of strict rules of narrative propriety. Other slave narratives are then examined to show how the slave narrators’ reticence does not simply stem from their desire to live up to the prudish expectations of their readers but constitutes a rhetorical strategy aiming at opposing fugitive slaves abiding by conservative moral values to slaveholders whose profligacy blurs the conventional boundaries between males and females, Blacks and Whites, animals and human beings. As a result, try as they may to challenge the scale of values associated with these stereotypes, slave narrators get trapped in a conservative system of polarities that define them as inferior. However, their desire to ingratiate themselves to their abolitionist readers should not be overestimated and the slave narrators’ reticence allows them to keep the inmost me behind a veil and elude the grasp of readers eager for sensational reporting.

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