2015
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Thomas Allen, « Toward Endless Life: Population, Machinery, and Monumental Time », Transatlantica
L’histoire culturelle du temps est récemment devenue un objet d’investigation scientifique, tant en histoire qu’en littérature. Ce qu’en anglais on appelle « Big History » nous encourage à réfléchir à plus grande échelle, à situer les périodes historiques sur une plus longue durée, et à inscrire l’activité humaine dans une histoire naturelle qui se développe sur des millénaires. Mais ce tournant a lui-même une histoire, qui éclaire notre quête actuelle pour définir l’échelle à laquelle nous voulons comprendre l’expérience humaine. Lors des grandes expositions universelles de la fin du XIXe siècle, aux États-Unis, celle de 1876 dite du « centenaire » à Philadelphie, celle dite « Colombienne » de Chicago en 1893, les visiteurs ont été confrontés à des représentations d’un temps long où l’humanité jouait un rôle relativement insignifiant. L’histoire que ces expositions semblent raconter est une histoire où les êtres humains sont devenus des populations, au sens malthusien du terme, sur le point de céder leur place, dans un récit quasi-évolutionniste, aux machines et aux horloges, fétichisées et magnifiées. En imaginant des temps inhumains, les expositions et leurs lots d’artefacts culturels, tels que les horloges monumentales, les récits et les esquisses littéraires, ou les tableaux historiques, semblent présager non seulement l’intérêt contemporain pour le temps long et « Big History » mais aussi des phénomènes culturels tels que l’Horloge du Long Maintenant, une horloge tellement lente qu’elle pourra, selon ses constructeurs et concepteurs (ingénieurs et technophiles associés à l’industrie de l’informatique en Californie) dire le temps dans un avenir où l’humanité aura disparu. Ainsi, le « temps profond » devient le fantasme d’un monde autre que celui fait par les êtres humains.