2010
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https://doi.org/10.4000/transcontinentales.68
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Jacques Ivanoff, « Histoire des migrations et ethnicité à partir d’une réflexion en Asie du Sud-Est », Transcontinentales
Les mouvements multiformes de populations en Asie du Sud-Est, sont le résultat de guerres, de tracés de frontières, de conflits ethniques… Réfugiés, immigrés (légaux et illégaux) ou déplacés, on ne compte plus les problèmes des États de la région pour gérer les flux de populations, notamment transfrontaliers. Ces derniers, de plus en plus importants, résultent de la conjonction de plusieurs facteurs, notamment l’ouverture des pays au commerce, la volonté de « régionaliser » l’Asie du Sud-Est et les déséquilibres économiques entre les pays. Pourquoi et comment les frontières modernes facilitent ces mouvements de populations, de quelques milliers de nomades vivant sur les frontières de plusieurs pays à des millions de travailleurs illégaux venus chercher un avenir dans un pays d’accueil. Par exemple, en dépit de l’imposition de règles administratives de plus en plus contraignantes, la porosité des frontières et les réseaux multiséculaires de certaines régions permettent une « inflation » des mouvements de populations. En trente ans, le nombre de réfugiés et de travailleurs immigrés dans le sud de la Thaïlande est passé de quelques centaines de milliers à plusieurs millions. La question des minorités se pose moins en termes de chiffres que d’identité. Les États-nations de la région n’arrivent pas à intégrer leurs populations frontalières. Les questions essentielles – qui est citoyen de tel ou tel pays et selon quels critères – sont loin d’être résolues. Les agences nationales et les Ong ont mis en œuvre des moyens pour gérer le flux et l’ambiguïté délibérément maintenue par les gouvernements sur des statuts des réfugiés et des travailleurs illégaux pour contrôler, selon leurs besoins, ces millions de personnes. Quels sont les facteurs déterminants qui entraînent ces déplacés vers des rêves souvent illusoires et dans des filières de plus en plus internationales ? Comment ces populations des frontières se développent-elles, construisent-elles de nouveaux espaces « pionniers », de nouvelles identités ou de nouvelles pratiques sociales à travers toute l’Asie du Sud-Est ? Car, le phénomène de la « birmanisation » du sud de la Thaïlande et l’extension des réseaux des trafics ne sont pas uniques à cette région et peuvent être comparés à d’autres situations similaires observées ailleurs. Existe-t-il une structure commune contemporaine à ces déplacements ?