2017
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/lpiy
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Jennifer Houdiard, « Adapter, c’est (parfois) trahir : fiction et stéréotypes de genre dans les séries inspirées de Diario de una abuela de verano de Rosa Regàs et El mundo amarillo d’Albert Espinosa », TV/Series
Les séries Abuela de verano (TVE, 2005) et Polseres vermelles (TV3, 2011-2013) sont deux fictions télévisées inspirées d’ouvrages non fictionnels. La première est l’adaptation de Diario de una abuela de verano, un essai-témoignage dans lequel la romancière Rosa Regàs relate son expérience de grand-mère. Dans El mundo amarillo, œuvre qui a inspiré la série Polseres vermelles, le réalisateur et comédien Albert Espinosa évoque le bouleversement qu’a provoqué le cancer dans sa vie d’adolescent, la manière dont la maladie a modifié et enrichi sa vision de la vie et du bonheur.Les séries de fiction nées de ces deux textes peuvent sembler, à première vue, très différentes l’une de l’autre. Cependant, nous sommes face à deux univers fictionnels qui se caractérisent par une omniprésence des stéréotypes de genre, alors que ceux-ci sont soit absents, soit explicitement critiqués dans les œuvres qui les ont inspirées. Dans Abuela de verano comme dans Polseres vermelles, les personnages de filles sont sexualisés à outrance, obnubilés par leur apparence physique et par l’amour, tandis que les figures de garçons se caractérisent par une masculinité à la limite de la caricature, tant du point de vue de leurs centres d’intérêt (football, sexualité, mécanique) que de leur comportement (violence, rejet des activités « féminines »).Tout se passe comme si le passage du livre à l’écran et, dans le cas de ces séries, le passage du témoignage à la fiction, impliquait l’adaptation du texte au « moule » des séries espagnoles contemporaines à travers la création d’un univers caractérisé par des rôles de genre immuables, peuplé de jolies filles rêvant d’amour et de garçons intrépides et bagarreurs. Nous nous demanderons donc si, dans le cas de Abuela de verano et Polseres vermelles, l’adaptation ne s’apparente pas à une sorte de trahison.