1 mai 1979
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Musset Danielle et al., « Une habitante de Breil-sur-Roya partage sa connaissance des plantes comestibles », Archives de la recherche & Phonothèque MMSH dans Calames
Un couple breillois est interrogé : la femme, âgée de 60 ans au moment de l’entretien, déclare connaître l’usage des plantes par transmission maternelle Elle explique les bienfaits que certaines plantes comme la marrube, la saponaire, ont sur le foie et la digestion y compris certaines salades sauvages aux effets dépuratifs. Elle cite une recette de pissenlits cuisinés avec la racine. Elle évoque aussi la recette de raviolis frits ou cuits au four ( bousotous) faits avec des feuilles de fraisiers, de la pulmonaire, des violettes à feuilles hautes. Elle consomme aussi, en soupe ou en beignets, les bourgeons de tilleul dont il ne faut consommer que la feuille sans l’enveloppe, Elle cite aussi les feuilles de ronces, les bourgeons d’églantier, les pousses de houblon, les bourgeons de prêle, qu’elle intègre dans sa cuisine. Elle utilise également les jeunes pousses de sapin en infusion. Elle ramasse et consomme des salades sauvages comme la cousteline, le cresson et la mâche sauvage, la “dent de lion”. Concernant les champignons, elle ramasse les mousserons, les lactaires délicieux (sanguins ou safranés). Elle ramasse les clématites sauvages (sorte de liane appelée aussi viorne ou vigne blanche) dont elle utilise les jeunes pousses en omelette de même que les asperges sauvages. Elle consomme aussi de la bourrache, de la même façon que les épinards. L’informatrice explique que ses parents conservaient les fanes ou feuilles de maïs, de petits pois, de haricots, de lentilles ou pois chiche pour nourrir les animaux.. L’informatrice cite une soupe à l’herbette de Séneçon (attention ne pas essayer sans bien connaître !! car il existe une variété très toxique !!) mais déclare avoir l’habitude de manger les plantes sans trop les cuire pour conserver leurs vertus. Elle cuisine aussi de gros chardons, dont elle cuisine le cœur comme les artichauts. Elle déclare confectionner de petits raviolis à base de toutes sortes de plantes et utilise aussi les très jeunes pousses de Centranthe rouge (lilas d’Espagne, Barbe de Jupiter, ou Valériane), à peine germées qu’elle mange en salade elle en précise les propriétés et le dosage. Il faut faire très attention à bien mélanger les variétés en petites quantités, car aucune plante n’est innocente, par exemple les feuilles de coquelicot doivent se consommer aussi à petite dose car c’est un somnifère et cela agit aussi contre les maux de tête et de dents. Quant aux fruits sauvages, elle ramasse des framboises et des mûres dont elle fait des tartes. L’homme déplore les grandes cultures, le changement climatique, les châtaigniers qui sèchent. L’informatrice a toujours ramassé les plantes comme sa mère mais de nombreuses espèces ont disparu. Elle fabrique aussi l’huile de millepertuis en ajoutant des fleurs de lys qu’elle fait macérer dans l’huile d’olive au soleil dans une bouteille. Elle déclare même consommer les fleurs de lys dans le riz. Elle utilise le millepertuis en salade, les fleurs de capucines dans le vinaigre, les beignets de fleurs de sureau. Elle s’inquiète de ces savoirs qui vont tomber dans l’oubli. Il s’ensuit un échange sur les plantes aromatiques courantes. Un alcool de menthe poivrée était communément fabriqué. L’enquêtrice et l’informatrice échangent sur des variétés locales de fruitiers, et du mode de culture potagère locale, de variété locale de pommes de terre qu’elle nomme “blanche” et aussi de blé qu’elle appelle “touzella” un plan direct dont les épis sont long, et la tige plus haute mais fragile. L’informatrice en promet des échantillons de graines. L’entretien se termine sur les variétés anciennes de haricots dont la mascarade, variété de haricots bigarrés.