2001
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Elliott S. Horowitz et al., « Le peuple de l'image. Les Juifs et l'art », Annales, ID : 10.3406/ahess.2001.279975
Le peuple de l'image. Les Juifs et l'art (E. Horowitz). À l'occasion de la publication récente, en langue anglaise, de cinq ouvrages traitant des divers aspects de la relation entre les Juifs et l'art, particulièrement dans l'Europe médiévale et moderne, cet article se propose d'examiner certains des fondements des discours, académique et populaire, à ce sujet. Dans son ouvrage The Artless Jew, Kalman Bland constate qu'au XIXe et au début du XXe siècle l'opinion était répandue, aussi bien parmi les Juifs que chez les non-Juifs, que les premiers avaient des talents artistiques limités — ceci étant dû à un trait caractéristique de leur culture ou à l'héritage tenace de leur religion prônant l'aniconisme. Des vues manifestement antisémites se propagèrent dans certains milieux (auxquels appartenait même le philosophe Bertrand Russell) où l'on estimait les Juifs non seulement incapables de créer des œuvres d'art, mais aussi de les apprécier — sinon pour leur valeur marchande. Il n'est donc pas surprenant que le mouvement sioniste se soit très tôt penché sur le sujet de l'art juif, et que certains de ses partisans (Martin Buber notamment, dont l'un des essais figure dans le recueil Jewish Texts on the Visual Arts) aient soutenu qu'un véritable art juif ne pouvait voir le jour que sur la terre d'Israël. D'autres définitions de l'art juif mettaient plutôt l'accent sur le thème traité. Dans les années 1950, Stephen Kayser y voyait « l'art appliqué au judaïsme », et, plus récemment, dans son livre Jewish Icons, Richard Cohen le concevait comme « l'art reflétant l'expérience juive ». C'est de cette dernière conception que relèvent les monographies récentes de Mark Epstein et de Ruth Mellinkoff sur l'art médiéval européen, qui considèrent tous deux l'art juif plutôt comme un moyen d'expression de conflits que de symboles visuels communs. S 'inspirant de l'approche iconographique de Meyer Schapiro et de Rudolf Wittkower, l'auteur propose pourtant une analyse différente, surtout en ce qui concerne le symbolisme animalier.