2000
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Raphaël Bange, « Les prénoms de l'an II et les autres : typologie des attributions de prénoms dans la France en Révolution », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10.3406/ahrf.2000.2353
Une analyse comparative menée en parallèle sur une cinquantaine de grandes villes françaises et sur l'ensemble des 133 communes d'un district rural (Villefranche-en-Beaujolais) conduit à dégager une typologie des attributions de prénoms au cours de la Révolution, et ainsi à mieux cerner le phénomène des « prénoms révolutionnaires » qui se manifeste aux quatre coins du pays, principalement entre 1793 et l'an III. Illustré par une première série de graphiques, le suivi des seuls cas indiscutables, prénoms dénués d'équivoque comme par exemple Floréal ou Liberté, permet déjà de repérer de fortes variations d'une ville à l'autre dans la fréquence et la périodisation des choix de prénoms révolutionnaires. Mais l'élargissement de l'enquête à d'autres catégories de prénoms, répondant à une détermination plus mitigée (Victoire, Rose, Aimé...) ou à des modes apparemment dénuées de caractère idéologique (Caroline, Laure...), s'avère indispensable pour restituer le phénomène dans sa diversité et notamment pour mettre en évidence quelques cas extrêmes de mouvements collectifs généralisés, dans des communes où les prénoms exclusivement traditionnels comme Jean Joseph ou Marie Madeleine se trouvent systématiquement écartés des déclarations de naissance pendant plusieurs mois. Un tel résultat incite à remettre localement en question la spontanéité et la liberté de choix des parents. Étendue à l'ensemble des communes étudiées, une statistique globale donne la répartition des différents types de situation, témoignant de l'inégale réception des prénoms révolutionnaires par les Français de l'an II.