2001
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Antoinette Ehrard, « Autour de la statue de Desaix par Nanteuil », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10.3406/ahrf.2001.2525
À Clermont-Ferrand, place de Jaude, le visiteur peut découvrir aujourd'hui, tout près du monumental et fougueux Vercingétorix de Bartholdi, une modeste statue en bronze de Desaix. Bien qu'inaugurée en août 1848, elle n'est pas d'origine républicaine : c'est dix ans plus tôt que le Conseil général du Puy-de-Dôme en avait arrêté le principe, dans le cadre de la politique de réconciliation nationale voulue par le roi des Français, politique qui mettait l'accent, notamment dans les commandes publiques, sur la continuité de l'Histoire de France. La mémoire de Desaix avait bénéficié de ce mouvement, dans les arts comme dans les textes. Le choix du projet de Nanteuil, préféré à celui d'Antonin Moine dont le musée R. Quilliot de Clermont conserve la maquette, s'explique peut-être par la notoriété officielle d'un ancien Prix de Rome, entré depuis peu à l'Institut ; peut-être aussi par des raisons d'économie : ici le héros est à pied, et non à cheval comme celui de Moine. Quoi qu'il en ait été, le financement de la commande devait être difficilement assuré, et la réalisation n'emporta pas plus l'adhésion des contemporains qu'elle ne réussit à forcer la nôtre. L'inauguration fut pourtant une grande fête républicaine. Et en 1900 la statue sera au centre des cérémonies du centenaire de Marengo : le besoin où sera alors la IIIe République du prestige d'un général républicain explique l'honneur fait à un monument médiocre qui ne revivra jamais cet instant de gloire ni au long du xxe siècle, ni en juin 2000.