La agonia de la "fiesta" uruguaya

Résumé Fr

"L'agonie de la fête uruguayenne". Analyse des modalités du discours poétique dans sa fonction de représentation d'un imaginaire collectif, à trois moments de festivités affirmant la nation uruguayenne, de la fin du XIXe au milieu du XXe Siècle. En 1879, est inauguré le monument aux 'Trente-trois Orientales", Zorrilla de San Martin y récite sa Leyenda Patria. Les décennies 1910-1930 sont désignées comme celles du Centenaire. En 1915, Rodô prononce un discours sur le Plateau de El Hervidero (commémoration du premier exode d'Artigas et de ses troupes). En 1950, pour le centenaire de la mort d'Artigas au Paraguay, le gouvernement de l'Uruguay décide le retour de ses cendres. Le livre Artigas, de Sara de Ibáñez, reçoit un prix. Une continuité littéraire relie ces événements et montre la force de l'idéologie dominante qui vise à intégrer les diverses composantes de la société en représentant la figure d'un absent (Artigas) et en construisant la voix poétique, processus de mythification-mystification d'unité nationale auquel prennent part les agents culturels de la cité des lettrés et qui revendique non pas l'esprit civique mais Artigas, l'absent, et ses masses barbares. Le discours de Sara de Ibáñez n'est pas un discours de fête, comme les précédents, mais contient les signes d'une agonie des valeurs : figure d'un héros barbare, démesuré dans sa lutte contre l'envahisseur, mélancolique dans sa condition d'exilé. Ces valeurs persistent aujourd'hui.