1983
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Jean Peyras, « Paysages agraires et centuriations dans le bassin de l'oued Tine (Tunisie du Nord) », Antiquités africaines (documents), ID : 10.3406/antaf.1983.1097
L'auteur étudie, dans le cadre de ce bassin situé à une soixantaine de kilomètres de Carthage, les relations qui existaient entre les paysages agraires antiques et la centuriation du Nord tunisien. Dans la première partie, il montre, à l'aide de cartes, de photographies aériennes et de relevés archéologiques, que le parcellaire régulier couvrait 48 centuries, que les lots allaient de un heredium à quatre heredia, qu'ils étaient limités par des ruisseaux, des murettes ou marqués par le défoncement de la croûte calcaire sous-jacente. La seconde partie est consacrée à la confrontation du cadastre antique et de diverses variables : les parcelles régulières n'existent que sur les pentes de 3 à 10 % ; elles occupent seulement des sols rouges, peu profonds, limoneux, bien structurés, bien drainés, reposant sur une croûte calcaire ; les enclos portaient des plantes annuelles aussi bien que des vignes, des oliviers ou des arbres fruitiers. La houe et l'araire simple ont été les principaux instruments de mise en valeur de terrains qui ne connaissaient pas de véritable irrigation ; les exploitations, de dimension moyenne, pouvaient être détenues par des possessores indépendants, mais aussi par des colons inclus dans un grand domaine. Dans la troisième partie, J. Peyras avance que le parcellaire régulier et dense issu de la centuriation nord que nous avons sous les yeux n'est pas un fragment de celui qui existait dans l'Antiquité. Il correspond à ce qui a été mis en place au lendemain de la conquête romaine. Par contre, les dépressions marécageuses, la réserve du Fundus Aufidianus et, peut-être, une part des lots irréguliers, n'ont été réellement cultivées qu'à partir de la 2e moitié du IIe siècle de notre ère. Les exploitants de cette époque ont négligé la trame ancienne et ont organisé le terrain à leur guise. Il faut donc mettre en évidence deux grands moments dans la constitution des paysages agraires antiques : 1) La formation d'un agrosystème basé sur la complémentarité des montagnes, des versants et des plaines. Il est créé par une société agropastorale dès le néolithique. Le parcellaire régulier républicain s'insère dans ce système sans le bouleverser. 2) L'occupation de toutes les terres disponibles aux IIe et IIIe siècles ap. J.-C. Elle correspond à l'urbanisation, à l'autonomie municipale, au grand réseau routier. Chemin faisant, l'auteur est amené à réexaminer diverses questions, en particulier celles qui concernent le Fundus Aufidianus et les populi leiberi de la lex agraria de 111 av. J.-C.