Le lac Tritonis et les noms anciens du chott el Jérid

Fiche du document

Date

1988

Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Collection

Persée

Organisation

MESR

Licence

Copyright PERSEE 2003-2024. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.



Citer ce document

Jean Peyras et al., « Le lac Tritonis et les noms anciens du chott el Jérid », Antiquités africaines (documents), ID : 10.3406/antaf.1988.1150


Métriques


Partage / Export

Résumé En Fr

Long before being a matter of debate for the modern scholars about the famous project of the Saharian Sea, the lake Tritonis (or Tritônitis) had been a problem for ancient geographers themselves as to its localisation along the Libyan coastal areas. Linked or not with the legend of Argonauts and with the myth of a native goddess assimilated to Pallas, bay or lake, the Triton seems to belong to a mythical geography more than to reality. Several localisations were given as possible according to different traditions of Greek geographers and the question had remained unsettled up to the Roman period. For Strabo following a first tradition, the hydronym was settled in Cyrenaica prior to be wrongly translated on the Atlantic shoreline with the garden of Hesperids. On the other hand, for a long tradition illustrated by Herodotus, the Tritonis could be placed — as Gsell emphasized — nowhere but in the gulf of Gabes itself. However, contradictory data in the « Pseudo-Scylax » are leading either to Byzacium or to Lesser Syrtis ; in Pliny influenced by two different traditions, the Tritonis is elusively quoted as « inter duas Syrtis ». Mela was the only one (with perhaps Ptolemaeus) to give to palus and inland position which can be identified clearly with the Great Chott — already without any connexion with the sea — in southern Tunisia. Moreover, several other names were given to this large sebkha in Ancient Times and the Middles Ages. To Orosius's « Lacus Salinarum » and the « perillous crossing » (täkmert) from Arabic geographers, we must now add the libyco-berber hydronym MADD, found carved on a rock at Kriz, in the inscription dedicated to Silvanus Mercury, lord protector of the travellers before the crossing of the chott el Jerid. Madd — « lake » in libyc — had become the name of chott el Jerid in Roman Times (Madd(en)s(is) lacus). The hydronym is formed on the consonantic sequence md(m or n, stretched, doubled, or simple), signifier of words such as lake, marsh, pool in Ancient Times and the Middle Ages as shown by the following place names Medd, Agelt Nmadi, Tamuda, Ager Tendi, Timida.

Bien avant d'être au centre du débat suscité au siècle dernier par le projet de Mer intérieure saharienne, le problème de la localisation libyenne du lac Tritonis (ou Tritônitis) avait partagé les auteurs anciens eux-mêmes. Associé le plus souvent à la légende des Argonautes ou au culte d'une déesse indigène assimilée à Pallas, la baie ou le lac du Triton semblait appartenir à une géographie mythique plus qu'à la réalité. Toujours est-il qu'au gré des traditions géographiques grecques, plusieurs localisations étaient possibles et ce flottement a persisté jusqu'à l'époque romaine. Pour les uns (comme Strabon), l'hydronyme se trouvait d'abord en Cyrénaïque avant d'avoir été transféré — à tort — dans l'Extrême Occident avec le jardin des Hespérides. Pour d'autres, suivant une tradition représentée par Hérodote, l'emplacement du Triton devait être, comme l'a souligné Gsell, dans le golfe de Gabès. Mais les incohérences du « Pseudo-Scylax » ont donné à hésiter entre la côte du Byzacium et la Petite Syrte, tandis que, pour Pline influencé par deux traditions différentes, le Triton erre « entre les deux Syrtes ». Seul, finalement, Mêla (et peut-être Ptolémée) assigne au Triton une position intérieure qui peut correspondre à celle des grands chotts actuels, déjà sans communication avec la mer dans l'Antiquité. Cette vaste sebkha a reçu au demeurant divers autres noms dans l'Antiquité et au Moyen Age : au Lacus Salinarum d'Orose et au « passage difficile » (täkmert) des auteurs arabes, il faut ajouter désormais le nom libyco-berbère de MADD gravé sur le rocher de Kriz dans la dédicace à Silvain Mercure, protecteur des voyageurs qui traversaient le chott el Jérid. Madd — « lac » en libyque — était devenu le nom du chott el Jérid à l'époque romaine (Madd(en)s(is) lacus). L'hydronyme est formé sur la séquence consonantique md (m ou n, d tendu, géminé ou simple, signifiant des mots « lac », « marais », « mare » dans l'Antiquité et au Moyen Age, comme le montrent les lieux-dits Medd, Agelt Nmadi, Tamuda, Ager Tendi, Anda, Timida.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines