1995
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Fethi Chelbi et al., « La baie d'Utique et son évolution depuis l'Antiquité : une réévaluation géoarchéologique », Antiquités africaines, ID : 10.3406/antaf.1995.1234
La plaine deltaïque de la Medjerda occupe l'emplacement d'un ancien golfe marin dont le comblement est le résultat des défluviations successives du cours du fleuve depuis l'Holocène jusqu'à la période historique. La région appartient à une aire archéologique relativement bien connue grâce aux données des auteurs anciens sur les événements dont elle avait été le théâtre dans l'antiquité. Ainsi s'explique que le problème des étapes de ce colmatage ait sollicité depuis longtemps la curiosité de divers savants : historiens et archéologues, mais aussi hydrologues, géologues et géomorphologues. Du schéma proposé par Ch. Tissot en 1884, on retiendra l'idée d'un comblement progressif du sud vers le nord de cet ancien bassin dans les temps historiques. La question la plus controversée était de savoir à quelle époque s'était produit le déversement de la Medjerda vers le compartiment nord du bassin en empruntant l'espace compris entre l'ancienne presqu'île d'Utique et celle de Galaat el Andless (Castra Corneliana). L' alluvionnement qui en est résulté représente en effet un événement essentiel pour le sort d'Utique en tant que port. Une récente prospection archéologique et géomorphologique de l'ensemble de l'ancien golfe a permis de recueillir des données céramologiques datées sur une cinquantaine de sites. Celles-ci permettent de conclure à un comblement précoce du couloir en question, au sud-est d'Utique. La recherche des installations portuaires antiques n'est donc envisageable que sur le côté nord de la presqu'île. Une occupation préromaine est aussi attestée sur les lunettes d'argile d'origine éolienne développées dans la région de Pont de Bizerte et dont l'existence même suppose un alluvionnement - sans doute antérieur à la fondation d'Utique - de toute la partie centrale de la plaine alluviale. Celui-ci est à mettre en relation en amont, avec le « bras de Chaouat », trace d'un ancien passage du fleuve au nord du Jebel Maiana.