1998
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Frantz Grenet et al., « Le mythe de Nana dans l'art de la Sogdiane », Arts Asiatiques, ID : 10.3406/arasi.1998.1413
La fameuse « scène de lamentations » incluse dans le décor peint de la salle tétrastyle du Temple II de Pendjikent date du VIe siècle de notre ère. Découverte en 1948, elle est ici réexaminée à la lumière des acquis nouveaux de la recherche. La déesse à quatre bras qui assume le rôle principal a été, dès le début, correctement identifiée comme Nana, mais le substrat fondamentalement mésopotamien du rituel figuré par la composition apparaît encore plus clairement en poussant l'analyse de deux textes s'y rapportant : le Mémoire de l'envoyé chinois Wei Tsie (qui le décrit à Samarkand, avec une claire référence à Tammuz), et le fragment polémique manichéen M 549 (qui le condamne). Contrairement à une opinion souvent avancée, le corps gisant sur lequel la déesse et les hommes se lamentent est celui d'une jeune fille. Il s'agit vraisemblablement de Gestinanna, sœur de Tammuz, qui dans le mythe mésopotamien le remplace chaque année plusieurs mois aux Enfers. En Sogdiane l'image de Gestinanna a peut-être fusionné avec celle de Perséphone, puisqu'une nouvelle lecture du fragment manichéen par N. Sims-Williams fait apparaître Déméter comme divinité associée à Nana dans la lamentation. Enfin, d'autres documents figurés sogdiens et bactriens montrent Nana associée à un dieu archer que l'on propose ici d'identifier comme Tistrya-Tir, le dieu iranien de la planète Mercure, qui a repris les fonctions du babylonien Nabu.