2000
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Anne-Laure Cyprien et al., « « Le Port » à Cordemais (Loire-Atlantique) : histoire de la végétation et anthropisation. », ArchéoSciences, revue d'Archéométrie, ID : 10.3406/arsci.2000.991
Le lieu-dit «Le Poil» se situe à Cordemais ; cette ville d'estuaire est implantée sur la rive droite de la Loire entre Nantes et Saint-Nazaire. La toponymie et la position géographique de ce lieu-dit sont les seuls éléments qui laissent supposer l'existence passée d'un port à cet endroit. Cependant, l'analyse des grains de pollen, extraits des sédiments vaseux, peut apporter des informations sur l'histoire de la végétation et sur l'impact de l'homme sur le milieu. Aussi le diagramme pollinique obtenu montre deux grands ensembles biologiques, l'un maritime et l'autre plus continental. En effet, durant l'Atlantique et le Subboréal, les prés salés et les schorres sont mis en évidence par la présence de végétation halophile (chénopodiacées). Ensuite, un hiatus de sédimentation apparaît ; cette absence de dépôts pourrait être la de phénomènes régressifs marins qui ont eu lieu au Néolithique (entre 4500 et 4000 BP), à l'Age du Bronze (entre 3000 et 2800 BP) et à La Tène (entre 2800 et 2000 BP). La reprise de sédimentation n'apparaît qu'à l'époque gallo-romaine, période pendant laquelle le milieu devient plus saumâtre. Les chénopodiacées régressent alors que les aquatiques ainsi que les kystes de Dinoflagellés ; la formation d'un bourrelet de rive, entravant le passage d'eau salée, peut expliquer cette soudaine dessalure du milieu. L'anthropisation s'observe par la présence de pollen de plantes cultivées (céréales, Cannabis, Vitis, Jugions...) et d'espèces rudérales (Plantago, Polygonum, Compositae tubuliflorae et liguliflorae...) à partir de l'époque gallo-romaine. Le système marécageux se maintient jusqu'au XIXe siècle avec par moments quelques modifications biologiques probablement d'origine anthropique. Pour finir, l'hypothèse d'un port à cet endroit semble très improbable ; en effet, bien que le niveau actuel de la mer ait été atteint entre la période gallo-romaine et 1 000 après J.-C, la tranche d'eau présente aux marées moyennes, en fonction du toit des vases de comblement, ne permettait pas la circulation de bateaux de commerce. Ce n'est qu'à partir de l'époque gallo-romaine et jusqu'au début du haut Moyen Age à un niveau daté de 1 570 ± 90 BP, qu'un port a pu être installé, mais très vite, la sédimentation vaseuse compromet la possible existence d'un tel aménagement.