Une histoire de marché

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1981

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Guy-Patrick Azémar et al., « Une histoire de marché », Les Annales de la Recherche Urbaine, ID : 10.3406/aru.1981.1018


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A history of the market Throughout the nineteenth and twentieth centuries, the various eye-witness accounts describe the Carpentras market in quite similar terms : Whether from the standpoint of its economic importance, its role in socioeconomic exchanges or its domination of urban space, it seems to endure in time without major breaks. The current image of the market frequently associates it with the concept of a surviving traditional-type shopping area in the midst of a modernized commercial complex, and this exceptional character is what really makes it attractive. Ethno-historical analysis reveals behind the apparent stability an extremely complicated development, moving us to revise our linear vision of the market's history and contradicting any "archaistic" conception. It is a fact that the market of today and that of yesterday belong to two distinct and successive economic "systemes" Though begun much earlier, the process of transformation accelerated in the period between the two world wars under the impact of local conditions (a deepening regional reconversion in agriculture) and broader upheavals then affecting the society (the consumption patterns, the development of transportation, etc.). The "traditional" locus of exchange juxtaposed wholesale and retail trade and kept the city supplied, while structuring exchanges on a regional scale, mixing the commercial activity of itinerant resellers with the more basic and predominant role of producer-sellers. The ''metropolis market" split into two distinct entities — a market for peri-urban produce and a market for local provisions set up in the center of the city where it is still maintained, with the same weekly periodicity and on the same streets and squares as in the past. Dominated by itinerant stall-keepers who take the place of the traditional protagonists, the distribution market combines the maintenance of a specific heritage (flexible space-time insertion, a particular physiognomy, etc.) with various innovations responding to the challenge of current realities (new commercial positions and organization, technological progress) ; it derives its merchandising attractiveness and dynamism from this combination. Such a market will represent competition for more sedentary trade until and unless a new type of complementary relationship is worked out between these two kinds of exchange. But the market no longer occupies the dominant economic position it enjoyed in the past and no longer represents the essential crossroads for the circulation of men and goods. At the same time, its relationship with the city administration has been altered : under the pressure of an intensified competition for space, the city no longer strives to attract, but rather to circumscribe, this cumbersome itinerant trade, despite its value. Finally, while the market of yesterday actually organized the cultural and social exchanges that took place there legitimately and almost exclusively, this role is no longer collectively administered, recognized and distributed within its framework. A periodic event breaking daily rhythms and subverting the orderly arrangement of urban space, it comes to represent an area of freedom. A pole of reception and encounter not strongly defined socially, the market opens up a space where people talk freely, where they trade in slices of life. "Market-place tales" no longer grow out of a homogeneous col- lective identity but are planted in the variegated soil of a plurality of practices that constitute so many appeals to a social memory and mediate the current relationships of the actors through a "game of boundaries" between two socioeconomic systems, with its resistances, its superpositions, its compromises.

Tout au long des XIXe et XXe siècles, les témoignages décrivent le marché de Carpentras en termes très voisins ; qu'il s'agisse de son importance économique, de son rôle dans les échanges socio-culturels ou de son emprise dans l'espace de la ville, il semble traverser les ans sans connaître de ruptures majeures. Par ailleurs, les représentations actuelles associent fréquemment le marché à l'idée de survivance d'une place marchande traditionnelle au sein d'un dispositif commercial modernisé, situation d'exception qui fonde principalement son attrait. L'analyse ethno-historique révèle derrière la stabilité apparente une évolution très complexe et amène tant à nuancer une vision linéaire de son histoire dans l'ensemble urbain qu'à contredire une conception «archaïsante». En fait, le marché d'aujourd'hui et celui d'autrefois renvoient à deux «systèmes » économiques différents, l'un ayant succédé à l'autre. Amorcée beaucoup plus tôt, la mutation s'accélère pendant l'entre-deux-guerres, à la faveur de conditions locales (une reconversion agricole régionale qui se radicalise) et des bouleversements plus généraux affectant alors la société (progrès rapides de l'urbanisation, modifications de la consommation, développement des transports, etc.). La place marchande «traditionnelle» juxtaposait négoce de gros et de détail, assurait l'approvisionnement citadin tout en structurant les échanges à l'échelle régionale et mêlait un commerce de revendeurs itinérants à celui, fondamental et prédominant, des producteurs-vendeurs. Ce «marché de métropole» se scinde en deux ensembles distincts : un marché de production péri-urbaine et un marché d'approvisionnement local maintenu au centre-ville, où il continue de s'établir, selon le même rythme hebdomadaire, dans les mêmes rues et places qu'auparavant. Pris en main par des marchands forains qui supplantent les protagonistes traditionnels, le marché de distribution combine le maintien d'un héritage spécifique (inscription spatio-temporelle souple et légère, physionomie...) avec des innovations et la prise en compte des enjeux actuels (position et organisation commerciales nouvelles, progrès techniques), cette articulation lui conférant son attrait et son dynamisme marchands ; il porte concurrence au commerce sédentaire avant que ne se trouve entre les deux formes de négoce une relation de complémentarité. Mais ce marché n'occupe plus la position économique dominante qu'il détenait jadis, il ne représente plus le carrefour essentiel des circulations d'hommes et de biens. Aussi ses rapports avec l'administration urbaine se modifient-ils : sous la pression d'une compétition spatiale accrue, la ville ne cherche plus à attirer, mais plutôt à circonscrire un négoce forain encombrant malgré son intérêt. Enfin, quand le marché d'hier organisait de fait les échanges culturels et sociaux qui s'y tenaient légitimement et quasi exclusivement, ce rôle n'est plus aujourd'hui collectivement administré, re¬ connu et partagé dans son cadre ; événement périodique cassant les rythmes quotidiens et subvertissant l'ordonnancement des lieux urbains, il s'affirme corrélativement comme représentation d'un espace de liberté. Pôle de rencontre et d'accueil peu marqué socialement, le marché ouvre surtout un espace où l'on parle, où l'on tient commerce de fragments d'histoire. Les «histoires de marché» ne sont plus nouées dans l'inhérence d/une identité collective homogène, mais fondées sur le sol morcelé d'une pluralité de pratiques qui forment autant de recours positions et de compromis — entre deux à une mémoire et médiatisent dans un «jeu systèmes socio-économiques les relations de limites» — fait de résistances, de super-actuelles des acteurs.

Una historia de mercado A los largo de los siglos XIX y XX los testimonios describen el mercado de Carpentras en términos muy parecidos ; que se trate de su importancia económica, de su papel en los cambios socio-culturales o de su influencia en la ciudad, él parece pasar los años sin conocer grandes rupturas. Por otro lado las representaciones actuales asocian frecuentemente el mercado a la idea de sobrevivencia de una plaza vendedora tradicional en el seno de un dispositivo comercial modernizado, fundando su atracción en esta situation excepcional. El análisis etno-histórico revela atrás de la estabilidad aparente, una evolución muy compleja, y lleva, tanto a flexibilizar una visión linear de su historia en el conjunto urbano como a contradecir una concepción arcaica. De hecho el mercado de hoy y de antes envia a dos sistemas económicos diferentes siendo que uno a sucedido al otro. Comenzado mucho antes, los cambios se aceleran entre las dos guerras en favor de las condiciones locales (reconversión agrícola regional que se radicaliza) y de las conmociones más generales que afectan entonces a la sociedad (rápidos progresos de la urbanización, modificaciones del consumo, desarrollo de los transportes, etc.). La plaza vendedora tradicional unía los negocios al por mayor y al pormenor, aseguraba el abastecimiento de la ciudad estructurando los cambios a la escala regional y mezclaba un comercio de vendedores ambulantes al de los productores-vendedores, fundamental y predominante. Este «mercado de metrópolis» se divide en dos conjuntos distintos : un mercado de producción peri-urbano y un mercado de abastecimiento local mantenido en el centro de la ciudad donde continúa a establecerse según el ritmo semanal, en las mismas calles y plazas que antes. El mercado de distribución, en manos de vendedores foráneos que suplantan a los protagonistas tradicionales, combina la conservación de una herencia específica (inscripción espacio-temporal flexible y ligera, fisonomía...) ¿con innovaciones y la toma en cuenta de los problemas actuales (posición y organización comerciales nuevas, progresos técnicos). Esta articulación le confiere su atracción y su dinamismo comercial. Le hace concurrencia al comercio sedentario antes de encontrar entre las dos formas de negocio una relación de comple-mentaridad. Pero este mercado no tiene más la posición económica dominante que tenía antes, no representa más el cruzamiento esencial de circulaciones de hombres y de bienes. También sus relaciones con la administración urbana se modifican : bajo la presión de una competencia espacial, la ciudad no busca más a atraer sino a circunscribir un negocio feriante, molesto, a pesar de su interés. Por último, cuando el mercado de ayer organizaba de hecho los cambios culturales y sociales que se realizaban allí legítimamente y casi exclusivamente, tenía un papel que hoy no es más colectivamente administrado, reconocido y dividido en su cuadro ; acontecimiento periódico rompiendo los ritmos cotidianos y cambiando las disposiciones de los lugares urbanos, él se afirma correlativamente como representación de un espacio de libertad. Polo de reencuentro y de espera poco marcado socialmente, el mercado abre, sobre todo, un espacio donde se habla, donde se riene comercio de frag¬ mentos de historia. Las «historias de mercado» no están más anudadas en la inherencia de una identidad colectiva homogénea, sino fundadas en el suelo dividido de una pluralidad de prácticas que forman otro tanto de recursos a una memoria y mediatizan en un «juego de limites» — hecho de resistencias, de superposiciones y de compromisos — entre dos sistemas socioeconómicos, las relaciones actuales de los actores.

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