Etudes et décisions. La ligne C du métro lyonnais

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1982

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Joël Bonamy et al., « Etudes et décisions. La ligne C du métro lyonnais », Les Annales de la Recherche Urbaine, ID : 10.3406/aru.1982.1028


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Résumé En Fr Es

Studies and decisions. The line C of the Lyons metro. Whether dealing with elitist, pluralist or «over-determined » decisions on the one hand, or with studies that are objective (economic in nature), flexible (political) or oriented (ideological), on the other, the dominant thinking concerning the relationship between studies and decisions attributed an effectiveness of their own to the contents of reports developing or presenting town-planning or transportation projects. Such is not, however, the conclusion of an empirical and inductive research on the case of line C of the metropolitan subway system of the Lyons agglomeration. On the contrary, the analysis of the documents relating to its creation or its extension — supplemented by discussions with responsible authorities of the agencies or organizations concerned (Agence d'urbanisme de la communauté urbaine de Lyon, Direction départementale de l'Equipement du Rhône, Société d'économie mixte du métropolitain de l'agglomération lyonnaise, Société lyonnaise de transport en commun) — points up the inoperative character of the intrinsic content of such studies. Considered one by one, we find only non-choice (random shots), pseudo-choice (decisions made following demonstrations supposedly carried out, but elsewhere) or choices formulated a posteriori (inspired by past or untraceable decisions). Taking them together, it is impossible to find any connecting link among them, their main characteristic being the incoherence of the subjects investigated, the confusion of the levels of interpretation, the absence or shifting nature of the objectives. Considering the studies only from the standpoint of their internal logic, we must conclude that their usefulness is close to zero. Their effectiveness must be found «elsewhere », in their relationship with the power-structure. There they have three functions. With reference to the technico-political circles, such studies facilitate role-playing by positioning the actors and their prerogatives. They constitute a favored means of identification, of measurement, of verification of the development of their respective situations. (Conferences serve the same purpose when they deal with information or reflection not merely of local, but of general interest.) With reference to «public opinion », these studies contribute an element of coherence by constructing a rational outline for the presentation of projects. Respectful of the ideology of decision-making, broken down and denounced by Lucien Sfez, they designate the responsible parties, the seat of authority and give the reasons for ongoing operations. In order to do this, they resort not to a logic of choice but to a logic of authority and precedence, referring ritualistically to earlier facts or documents. By the officialization of a history, a homogenized and asepticized version of the past is interpreted as a reference-point, thus guaranteeing that the situation is not accidental, that the technician and the man think and act. Lastly, the studies facilitate the smooth-running management of local activities by bringing out the elements of technical consensus. In agreement on certain basic points — such as the vital necessity of developing the metro — but in disagreement concerning the means or the priorities, the institutional actors give themselves a margin of maneuver by cutting up the projects into a number of sequences that can be accepted unanimously. A technical consensus that conceals both the latent debates (political or doctrinal) and the basic agreements. The question remains whether the demands of democracy — which assumes the open expression of conflicting views and the explicit description of the mechanisms of social change — can be reconciled with such practices.

Qu'ils postulent des décisions élitistes, pluralistes ou surdéterminées, d'une part, des études objectives (à caractère économique), malléables (politique) ou orientées (idéologique), d'autre part, les principaux points de vue sur les rapports entre études et décisions donnent au contenu des travaux élaborant ou présentant les projets d'urbanisme ou de transport une efficacité propre. Telle n'est pas la conclusion d'une recherche empirique et inductive menée sur le cas de la ligne C du réseau métropolitain de l'agglomération lyonnaise. L'analyse des documents se rapportant à sa création et à son extension — complétée par des entretiens avec divers chargés ou directeurs d'étude des organismes concernés (Agence d'urbanisme de la communauté urbaine de Lyon, Direction départementale de l'équipement du Rhône, Société d'économie mixte du métropolitain de l'agglomération lyonnaise, Société lyonnaise de transports en commun) — affirme à l'inverse le caractère inopérant du contenu intrinsèque des études. A les saisir individuellement, on n'y trouve que non-choix («coups partis »), pseudo-choix (décidés à la suite de démonstrations supposées faites, mais autre part) ou choix explicités a posteriori (renvoyant aux traces d'une décision passée et introuvable). Resituées entre elles, on y cherche — vainement — des articulations : incohérence des objets d'analyse, rupture de niveau d'interprétation, absence ou modification des objectifs. A n'appréhender les études que dans leur logique interne, on devrait conclure à une utilité proche de zéro. C'est en fait «ailleurs » qu'elles trouvent leur efficacité, dans leur relation avec le système de pouvoir. Elles y remplissent trois fonctions. A l'intention du milieu technico-politique, les études facilitent un jeu de rôles, en positionnant les acteurs et leurs prérogatives. Elles constituent un moyen privilégié d'identification, de mesure, de vérification de l'évolution des situations respectives (les colloques font de même, s'agissant d'une information/réflexion de portée non plus locale, mais générale). A l'intention de 1' «opinion publique », les études mettent en scène la cohérence en construisant un schéma rationnel de l'avancement des projets. Respectueuses de l'idéologie de la décision, démontée et dénoncée par Lucien Sfez, elles désignent des responsables, le lieu de l'autorité et donnent des causes aux opérations en cours. Pour ce faire, elles mettent en œuvre non une logique de choix, mais une logique de référence, se rapportant de façon incantatoire à des documents ou faits antérieurs. Par l'officialisation d'une histoire, on interprète le passé — homogénéisé et aseptisé — comme référence, garantissant ainsi que la situation n'est pas hasardeuse, soumise aux influences du moment ; que le technicien et l'homme pensent et agissent. Enfin, les études permettent une gestion sans heurts violents de la vie locale en dégageant des séquences de consensus techniques. D'accord sur quelques points fondamentaux — tels la centralité ou le développement du métro — , mais opposés sur les modalités ou les priorités, les acteurs institutionnels se ménagent des marges de manœuvre en découpant les projets en autant de séquences susceptibles de recueillir un satisfecit unanime. Consensus technique qui dissimule et les débats latents (politiques ou doctrinaux) et les accords de fond. Il reste à savoir si les exigences de la démocratie — qui suppose l'expression des conflits et l'explicitation des mécanismes du changement social — peuvent s'accommoder de semblables pratiques.

Estudios y decisiones. La Knea C del metro lionés. Los principales puntos de vista sobre las relaciones entre estudios y decisiones, se defiendan decisiones elitistas, pluralistas o sobredeterminadas, por un lado, y estudios objetivos (de carácter económico), maleables (políticos) u orientados (ideológicos), por otro lado, dan una eficacia propia al contenido de los trabajos elaborando o presentando los proyectos de urbanismo o de transporte. Esa no es la conclusión de una investigación empírica e inductiva llevada en el caso de la clinea C de la red metropolitana de la aglomeración lionesa. El análisis de los documentos que relatan su creación y su extensión — completadas por las entrevistas con diversos encargados o directores de estudios de los organismos concernidos (Agencia de urbanismo de la comunidad urbana de Lyon, Dirección departamental del équipamiento del Rhône, Sociedad de economía mixta del metropolitano de la aglomeración lionesa, Sociedad lionesa de transportes en común) — afirma, por el contrario el carácter inoperante del contenido intrínsico de los estudios. Cogiéndolos individualmente no se encuentra más que : rechazo de la opción (golpes de comando), falsa opción (decididas a continuación de demostraciones supuestamente hechas, pero en otro lado) u opción explícita a posterior (enviando a las trazas de una decisión pasada y perdida). Colocadas nuevamente se buscan vanamente, articulaciones : incoherencia de los objetos de análisis, ruptura de niveles de interpretación, ausencia o modificación de los objetivos. Al no aprehender los estudios más que en su lógica interna debería concluirse en una utilidad próxima de cero. De hecho es «afuera » que encuentra su eficacia en una relación con el sistema de poder. Ellas ejercen tres funciones. Hacia el medio técnico político, los estudios facilitan un juego de papeles, colocando en posición los actores y sus prerrogativas. Constituyen un medio privilegiado de identificación, de medida, de verificación de la evolución de las situaciones respectivas (los coloquios hacen lo mismo tratándose de una información reflexión de alcance no local sino general). Hacia la «opinión pública » los estudios ponen en escena la coherencia construyendo un esquema racional de progreso de los proyectos. Respectuosas de la ideología de la decisión desmontada y denunciada por Lucien Sfez., designan los responsables, el lugar de la autoridad y dan los motivos a las operaciones en curso. Para hacerlo ponen en obra, no una lógica de elección sino una lógica de referencia volviendo a traer mágicamente documentos o hechos anteriores. Por la oficialización de una historia se interpreta el pasado homogeneizado y aséptico, como referencia, garantizando así que la situación no es casual, sometida a las influencias del momento ; que el técnico y el hombre piensan y actúan. Por fin, los estudios permiten una gestión sin choques violentos de la vida loca ! liberando conclusiones de consenso técnico. Los actores institucionales se guardan márgenes de maniobra dividiendo los proyectos en las secuencias susceptibles de recoger la satisfacción unánime estando de acuerdo sobre los puntos fundamentales, tal la centralidad y el desarrollo del metro, pero opuestos sobre las modalidades o las priori dades. Consenso técnico que disimula los debates latentes (políticos o doctrinarios ) y los acuerdos de fondo. Queda por saber si las exigencias de la democracia, que supone la expresión de los conflictos y la explicitación de los mecanismos del cambio social, pueden acomodarse a tales prácticas.

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