Pourquoi la sociologie des religions n’a pas connu de « tournant affectif ». Émotions religieuses et récits disciplinaires / Why Sociology Did Not Undergo an « Affective Turn ». Religious Emotions and Disciplinary Narratives

Fiche du document

Auteur
Date

2019

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Collection

Persée

Organisation

MESR

Licence

Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.




Citer ce document

Yannick Fer, « Pourquoi la sociologie des religions n’a pas connu de « tournant affectif ». Émotions religieuses et récits disciplinaires / Why Sociology Did Not Undergo an « Affective Turn ». Religious Emotions and Disciplinary Narratives », ASDIWAL. Revue genevoise d'anthropologie et d'histoire des religions, ID : 10.3406/asdi.2019.1157


Métriques


Partage / Export

Résumé En Fr

In the French sociology of religion, the concept of emotion primarily appears as a pre-notion linked with processes of (dis) qualification and distinction. Staying away from the «affective turn » that emerged in the 1990s among social sciences, this sociology relies on established interpretations of classical authors which closely link the issue of religious emotion with a set of pivotal concepts of the disciplinary doxa such as legitimacy, institution, charisma, or modernity. This article draws from a critical reading of these established interpretations and from extensive fieldwork in Pentecostal/ charismatic movements. I first show how attaching an «emotional » label to a religious object is taken to imply relations of social domination : between the «rational » academic actors and the labelled religious actors, but also within the religious field itself. Secondly, I suggest how to disentangle the sociology of religious emotions from the influence of beliefs, distinction effects, and academic doxa and connect this field of research to wider social dynamics, such as the relationships between individuals and institutions, the ideology of the «society of communication » (E. Neveu) or norms of self-control and bodily expressions (C. Wouters).

Le concept d’émotion fonctionne très largement, au sein de la sociologie des religions française, comme une prénotion subordonnée à des processus de (dis) qualification et de distinction. À distance du «tournant affectif » qui s’est affirmé en sciences sociales depuis les années 1990, cette sociologie repose sur des interprétations consacrées de quelques auteurs classiques qui relient étroitement la question de l’émotion religieuse à un ensemble de notions structurantes de la doxa de ce champ disciplinaire telles que l’autorité, l’institution, le charisme ou la modernité. Cet article s’appuie sur une relecture critique de ces interprétations et sur des enquêtes de terrain portant sur les mouvements pentecôtistes-charismatiques. Il montre dans un premier temps en quoi la compréhension dominante des émotions au sein de la sociologie des religions participe à des rapports sociaux de domination : entre le champ académique (et la figure de l’intellectuel) classiquement associé à la raison et le champ religieux qui est décrit ; mais aussi au sein même des champs religieux concernés. Dans un second temps, il s’efforce d’indiquer en quoi une sociologie des émotions religieuses débarrassée du poids des effets de croyance, des enjeux de distinction et de la doxa académique, pourrait contribuer à l’analyse de processus sociaux plus larges, qui concernent notamment les relations de l’individu à l’institution, l’idéologie contemporaine de la «société de communication » (Neveu) ou les normes du contrôle de soi et le rapport au corps (Wouters).

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en