2019
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François Macé, « Comment classer et compter des dieux innombrables (2e partie) / How to Classify and Count Countless Gods ? (Part 2) », ASDIWAL. Revue genevoise d'anthropologie et d'histoire des religions, ID : 10.3406/asdi.2019.1161
Dès que la documentation apparaît, on note ce qui deviendra une double constante, l’affirmation de la multitude des dieux et le souci de les ordonner, de les classer, de les hiérarchiser. Après avoir dans le précédent numéro repéré plusieurs types de regroupements dans la multitude des dieux, avec une première partie : « Une multitude rythmée », et une deuxième partie : « Les dieux sont rarement seuls », il est temps de les administrer. Un État conçu sur le modèle chinois ne pouvait laisser les dieux en dehors de son emprise. Ils furent comptés, catalogués, distingués, promus. Ce phénomène concerna les dieux indigènes ou supposés tels. Les entités bouddhiques restèrent en dehors de ce vaste catalogage alors même que la fusion entre dieux et bouddhas progressait. Avec le déclin de l’État antique, on voit apparaître une restriction des ambitions de l’État et une restriction du nombre de dieux célébrés par la cour. Inversement, les cultes provinciaux se développèrent et s’organisèrent au niveau local. Vers la fin de l’époque médiévale se mettent en place des réseaux de sanctuaires consacrés au même dieu, tandis que chaque sanctuaire abritait de nombreuses divinités. Dans le même temps naissait une nouvelle arithmétique des dieux où l’empreinte du bouddhisme apparaît clairement grâce à son système d’interprétation des dieux. En réaction à la fusion médiévale, la modernité s’accompagna d’une nouvelle volonté de distinction entre dieux et bouddhas de la part d’une partie des élites. Les dieux furent enfin enrôlés pour la construction de l’État-nation de Meiji.