1991
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Boudewijn Walraven, « Confucians and Shamans », Cahiers d'Extrême-Asie, ID : 10.3406/asie.1991.972
Les descriptions de la Corée durant la période Chosôn (1392- 1910) mettent souvent en avant le contraste entre les valeurs confucéennes de la classe supérieure des yangban et les pratiques chamaniques de la majorité de la population. Confucéens et chamanes apparaissent dès lors en opposition absolue. Cette vision ne rend pas justice du fait que, malgré de nombreuses différences évidentes, les confucéens et les chamanes avaient aussi des points communs. L'examen, tenté dans cet article, des convictions qu'ils partageaient, peut expliquer comment deux systèmes de croyance, à première vue diamétralement opposés, pouvaient coexister dans la société coréenne. Les points suivants sont importants pour notre démonstration : 1) les confucéens ne niaient pas catégoriquement la réalité des divinités et des esprits, objets du culte chamanique; 2) ils croyaient en un ordre invisible liant l'homme à un niveau d'existence supérieure et aux réponses divines à des actions humaines; 3) ils insistaient sur l'importance de la pureté rituelle et acceptaient le principe de contamination par contact, ce qui les prédisposait à croire en l'efficacité de la magie noire; 4) enfin, ils mettaient en pratique une forme confucéenne de propitiation à l'adresse des esprits vindicatifs des morts. Leurs convictions fondamentales sur ces points étaient souvent similaires à celles des chamanes, même si les idées qui en dérivaient pouvaient grandement différer, comme différait aussi le style de leurs rituels.