1996
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Elizabeth Kenney, « Shintō Mortuary Rites in Contemporary Japan », Cahiers d'Extrême-Asie, ID : 10.3406/asie.1996.1124
La plupart des funérailles au Japon se font selon un rituel bouddhique. Seule une minorité (2 à 3 %) observe un rituel shintō. En suivant, étape par étape, le déroulement des rites mortuaires shintō, l'on constate leur similarité à ceux des bouddhistes. Cependant, deux pratiques les en distinguent : d'abord, l'offrande quotidienne de nourriture au défunt, des aliments étant posés devant le cercueil pendant les deux ou trois jours suivant le décès; et en second lieu, un rite nocturne consistant en transfert de l'esprit du défunt, qui quitte son corps pour s'assimiler à sa tablette commemorative. En outre, pour la raison même qu'ils sont similaires, par leur structure et leur fonction, aux rites bouddhiques, certains éléments des rites mortuaires shintō sont intentionnellement présentés comme shintō en recourant pour les décrire à des termes propres au shintō ou en les substituant à des objets équivalents mais marqués comme bouddhiques. Le Shintō est une religion qui abhorre toute pollution et la mort est avant tout polluante. C'est pourquoi on perçoit dans les funérailles shintō une tension inhérente entre pur et impur. Il n'y a pas de la part du Shintō d'obstacle institutionnel aux funérailles, mais sur le plan symbolique et psychologique, il ne reste pas moins qu 'il y a un paradoxe intriguant dans l 'introduction de la mort et spécialement du cadavre dans le contexte sacré, voué à la pureté, du Shintō.