Outcasts, Emperorship, and Dragon Cults in The Tale of the Heike

Fiche du document

Date

2002

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Collection

Persée

Organisation

MESR

Licence

Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.



Citer ce document

David Bialock, « Outcasts, Emperorship, and Dragon Cults in The Tale of the Heike », Cahiers d'Extrême-Asie, ID : 10.3406/asie.2002.1185


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr

Cet essai est un examen de plusieurs versions du texte du Heike monogatari en relation avec le rôle joué par les récitants marginaux, les parias et les cultes liés au dragon dans les articulations médiévales de l'autorité régalienne et de celle du bouddhisme. Alors que le Heike monogatari a été considéré traditionnellement comme un récit ayant trait à la grandeur et à la décadence du clan guerrier des Taira, une lecture plus attentive, prenant en considération les différentes formes du récit, suggère que l'œuvre peut également être envisagée comme une contre-histoire ou un mythe ayant trait à une lignée impériale hérétique, incarnée dans la figure de l'empereur Antoku. Cette interprétation est le reflet d'un dilemme plus grand ayant trait au statut de l'autorité régalienne au treizième et au quatorzième siècles, époque où prirent forme les différentes versions du texte du Heike monogatari. De façon plus spécifique, cet essai démontre que les souverains de la fin de l'époque Heian et du début de l 'époque médiévale ont exercé leurs prérogatives à intervenir dans les affaires de la périphérie en se réclamant de l'autorité sacrée dont certains rites et cérémonies bouddhiques en faisaient les détenteurs. En agissant de cette manière, ces souverains défiaient les prétentions de plus en plus hégémoniques des foyers bouddhiques puissants, tels le monastère de l'Enryaku-ji sur le mont Hiei. Celui-ci était le propagateur d'une idéologie qui, à partir d'une position d'interdépendance entre l'autorité régalienne (jp. ōbō) et l'autorité bouddhique (jp. buppō), tendait à subordonner la première à la seconde. Parmi les différentes versions du texte du Heike monogatari examinées dans cet essai, deux d'entre elles, les manuscrits dits Enkyō-bon et Kakuichi-bow consignent par écrit cette crise de l'autorité régalienne à partir de perspectives radicalement opposées. Les éditeurs bouddhistes du manuscrit Enkyō-bon diffusent de manière constante une vision qui insiste sur la soumission à la loi bouddhique des empereurs retirés. Dans le récit de la consécration par l'empereur retiré Go-Toba de son monastère votif le Tokujōju.in (analysée dans la première partie de cette étude), la version du Enkyō-bon place l 'autorité politico-religieuse de l'empereur retiré sous l'autorité supérieure d'un religieux hors-caste. La transformation de ce dernier en une figure de bodhisattva dévoile la capacité du monastère de l'Enryaku-ji à convertir une souillure dangereuse en un signe de son autorité sacrée. Dans le même manuscrit, l 'intention polémique de cet épisode initial est rendue manifeste par le récit du refus de l'empereur retiré Go-Shirakawa de se soumettre à son rite d'initiation (jp. kanjō,) au monastère de l'Enryaku-ji. Dans cet épisode, Go-Shirakawa est châtié pour la fierté orgueilleuse dont il fait preuve à l'égard de ses pouvoir sacrés. Ceux-ci deviennent la cause d'une infestation démoniaque conduisant au comportement destructeur des moines-guerriers de l'Enryaku-ji. En mettant en lumière la pureté du souverain retiré de l 'épisode initial, et en l 'opposant au portrait d 'un Go-Shirakawa apparemment souillé et dont le comportement transgressif provoque une infestation démoniaque, les éditeurs du Enkyō-bon donnent un avertissement aux souverains médiévaux qui se montreraient par trop ambitieux. Si la version du Enkyō-bon construit une vision dans laquelle les pouvoirs dangereux de la périphérie impure sont mieux gérés sous l'autorité du bouddhisme, en revanche, celle du Kakuichi-bon manuscrit sous la garde des récitants itinérants de statut marginal et hors caste, suggère un point de vue qui se déploie à partir de la marge en opposition à l 'un des foyers du pouvoir. Cet aspect apparaît de façon plus évidente encore dans la manière qu'a le manucrit du Kakuichi-bon de traiter du mythe de l'empereur Antoku. Ce dernier point fait l'objet de la seconde partie de l'essai. Comme les différentes versions du Heike nous le disent, l'empereur Antoku, héritier royal issu du clan Taira, était le descendant et la réincarnation du dieu dragon. Celui-ci est identifié simultanément avec la jeune fille nāga de la tradition du Sūtra du Lotus et, dans le chapitre dit des « Épées » (jp. ken), avec le serpent mythologique tué par Susanoo no Mikoto. Alors que le manuscrit du Enkyō-bon traite Antoku comme un empereur souillé à la source d'un désordre cosmologique, et ainsi comme une autre occurence du caractère problématique de l 'autorité régalienne médiévale, le manuscrit Kakuichi fait sienne une conception favorable de l'histoire d' Antoku. L'origine de cette conception favorable du jeune empereur, ainsi que le montrent nos analyses, est à chercher dans les liens rituels entre les récitants aveugles gardiens du manuscrit Kakuichi du Heike et les cultes centrés sur la dévotion au serpent. Même si les récitants aveugles furent sans doute pendant un temps sous la tutelle des puissants monastères, à partir du milieu du quatorzième siècle, ils avaient établis leur propre guilde (jp. tōdō). À ce moment, la version du Heike remise sous une forme nouvelle par le maître récitant Kakuichi marqua une nouvelle étape dans l'évolution du Heike vers un mythe régalien. En présentant l'histoire d'Antoku, descendant en ligne directe de la divinité dragon, les récitants aveugles du manuscrit Kakuichi racontaient désormais le mythe de leur propre institution, de leur propre guilde. Tout en conservant leur prérogative de pouvoir pacifier les énergies violentes de la divinité serpent/dragon - droit précédemment revendiqué par les monastères puissants comme l 'Enryaku-ji, les membres les plus éminents de la guilde mirent au point une lecture ésotérique du mythe fondée sur la même autorité doctrinale que celle qui conférait aux milieux religieux bouddhiques la capacité à convertir les souillures en Éveil. Une analyse de l 'arrière-plan musico-religieux de cet aspect de la récitation du Heike dans lequel l'accent portait sur l'Éveil originel du dragon plutôt que sur la nécessité de l'appaiser ou de le purifier forme la conclusion de cet essai.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en