The God Daishōgun: From Calendar to Cult

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2012

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Bernard Faure, « The God Daishōgun: From Calendar to Cult », Cahiers d'Extrême-Asie, ID : 10.3406/asie.2012.1397


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Résumé Fr

La cosmologie chinoise du Yin et du Yang et des Cinq Agents (wuxing), telle qu'elle se développe sous la dynastie des Han, constitue une sorte de démythologisation de la pensée religieuse chinoise. Chez son lointain successeur japonais, l'onmyōdō médiéval, on assiste paradoxalement à une re-mythologisation, à travers l'apparition de récits mythiques relatifs à des divinités telles que Gozu Tennō et le roi Banko (Pan Gu, l'Homme Primordial de la mythologie chinoise). La même tendance s'observe dans le cas des divinités calendériques. L'exemple retenu ici est celui de Daishōgun le « Grand Général », qui, malgré ses origines calendériques, en vient à ressembler à des divinités du bouddhisme ésotérique telles que Myōken Bosatsu, Bishamonten ou Shōgun Jizō. L'influence réciproque du mikkyō et de l'onmyōdō est l'un des traits caractéristiques de la religion médiévale japonaise. Les premières divinités onmyōdō étaient essentiellement des esprits calendériques, indicateurs hémérologiques n'existant que par et pour le calendrier, et d'ordinaire ils ne faisaient pas l'objet d'un culte spécifique. Progressivement, toutefois, certaines d'entre elles en vinrent à acquérir une individualité plus marquée et à recueillir la dévotion de leurs fidèles. Un exemple de cette dévotion est l'impressionnant ensemble d'environ quatre-vingts statues préservé au sanctuaire de Daishōgun Hachi, au nord-ouest de Kyōto. En tant que divinité calendérique, Daishōgun était l'un de ces dangereux dieux ambulatoires qui faisaient l'objet des interdits de direction de l'époque de Heian. À la différence des autres divinités, dont le cycle s'inscrivait en général dans le cadre de l'année, les déplacements de Daishōgun aux quatre orients se font sur un cycle de douze ans, chaque orient se trouvant de la sorte « bloqué » pendant une durée de trois ans. Graduellement, par un renversement de rôle caractéristique, Daishōgun en vint à être perçu comme le protecteur des quatre secteurs de l'espace, et des temples ou sanctuaires lui étaient dédiés aux quatre orients de la capitale — le sanctuaire de Daishōgun Hachi étant l'un des derniers restes de cette structure. Le Tumulus du Général (Shōgun-zuka), sur Higashiyama, au sud-est de Heiankyō était censé protéger la capitale de toute attaque ennemie ou de toute intrusion démoniaque (épidémies, etc.). Une statue de guerrier y était enterrée, et le tumulus tremblait, dit-on, chaque fois qu'un danger menaçait la capitale. Selon la légende, cette statue était celle de Sakanoue no Tamuramaro, le seii taishōgun (« Grand Général chargé de pacifier les Barbares »). En fait, comme Yanagita Kunio l'a montré, on retrouve dans tout le Japon ces « tumuli du shōgun » perçus comme des gardiens des limites, et Daishōgun semble dans certain cas s'être confondu avec Shōgun Jizō (que l'on retrouve par exemple comme gardien du Mont Atago, au nord-ouest de Kyōto). Ces divinités guerrières étaient populaires à l'époque médiévale, et tout particulièrement, il va sans dire, dans la classe guerrière. Dans l'onmyōdō proprement dit, Daishōgun en vint à être assimilé à Gozu Tennō et à ses fils (ou émanations), les Huit Princes (Hachi ōji) symbolisant les huit directions. Pour bien comprendre la nature de cette divinité, il faut délaisser l'Onmyōdō officiel et le considérer comme faisant partie d'un réseau formé par diverses figures de l'onmyōdō « populaire » et du mikkyō, comme Myōken, Shōgun Jizō, Gozu Tennō, Kōjin, Dokū et Konjin. Toutes ces divinités sont, d'une façon ou d'une autre, associées à la destinée humaine. Elles indiquent l'émergence d'une nouvelle structure, caractéristique de la religiosité médiévale : celle du shukujin ou « dieu du shuku » (terme polysémique désignant les constellations, la destinée et les «stations» ou agglomérations formées aux grands carrefours). Dans le cas de Daishōgun comme dans celui d'autres divinités de l'onmyōdō (notamment Gozu Tennō), on observe une tension entre le cadre cosmologique abstrait d'une part, le récit mythique et le rituel, éminemment concrets, de l'autre.

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