Militarisation of Dargyé Monastery: Contested Borders on the Sino-Tibetan Frontier during the Early Twentieth Century

Résumé Fr

En se concentrant sur le cas du monastère de Dargyé au Kham, cet article montre que le réseau transrégional des monastères Gélukpa a pris, au début du XXe siècle, de l’importance pour le gouvernement Ganden Phodrang, en permettant que ce dernier exerce son influence politique et militaire sur la frontière sino-tibétaine. Après l’effondrement de la dynastie Qing, le Kham devint une ligne de front dans les affrontements entre le gouvernement du Ganden Phodrang et les seigneurs de la guerre chinois de la province du Sichuan, en raison d’un désaccord continu concernant la démarcation de la frontière. Afin de repousser l’armée chinoise et d’étendre son contrôle territorial, le gouvernement du Ganden Phodrang procéda à la « militarisation » du monastère de Dargyé, un influent monastère Gélukpa situé près de Rongbatsa, lieu stratégique dans les conflits frontaliers sino-tibétains. Le gouvernement du Ganden Phodrang fournit au monastère de Dargyé une aide financière ainsi que des armes et y installa un système militaire basé sur le modèle de l’armée tibétaine. En analysant des sources d’archives tibétaines, chinoises et anglaises, cet article montre la façon dont le gouvernement du Ganden Phodrang a tenté de défendre une frontière sino-tibétaine fluctuante avant les années 1950, grâce à une série de batailles menées avec le réseau transrégional des monastères Gélukpa.