2019
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Maya Stiller, « Slaves, Village Headmen, and Aristocrats: Patronage and Functions of Buddhist Sculpture Burials in Late Koryŏ and Early Chosŏn Korea », Cahiers d'Extrême-Asie (documents), ID : 10.3406/asie.2019.1530
Cet article comble une lacune dans les études religieuses en donnant un aperçu d’une pratique bouddhique dans la Corée des XIVe et XVe siècles, qui consistait, au sein des sociétés locales, à commander de petites sculptures bouddhiques en bronze doré, que l’on cachait ensuite sur les sommets des montagnes. Des études antérieures ont montré que la cour royale et les fonctionnaires du gouvernement central commanditaient des sculptures similaires ; mais, ici il s’agit de gens n’appartenant pas à l’élite centrale qui, néanmoins, étaient eux aussi les commanditaires d’un bon nombre d’entre elles. L’auteur met en évidence que des chefs de village, des aristocrates et des esclaves mettaient en commun leurs ressources pour la production et l’enterrement des sculptures. À travers une analyse du contexte spatial des enterrements, menée grâce à l’imagerie de Google Earth et des témoignages scripturaires, nous savons désormais que des groupes qui faisaient des pèlerinages à Kŭmgangsan 金剛山 pour vénérer le bodhisattva Dharmodgata (Pŏpki posal 法起菩薩) – une figure importante de la tradition du Prajñāpāramitā (Panya paramilta 般若波羅密多) – enterraient des sculptures d’Amitābha (Amit’abul 阿彌陀佛) et de ses deux assistants, Avalokiteśvara (Kwanŭm posal 觀音菩薩) et Kṣitigarbha (Chijang posal 地藏菩薩), dans la partie sommitale des collines contiguës à celle dédiée à Dharmodgata, et ceci afin de maximiser leur chance de renaître en Terre Pure. Après le retour des pèlerins au village, les sculptures enterrées offertes à Dharmodgata maintenaient ainsi leur connexion avec la divinité et permettaient aux fidèles d’acquérir en permanence des mérites. La recherche présentée dans cet article contribue à approfondir notre connaissance des pratiques religieuses locales en Corée pendant la période d’occupation mongole à la fin du royaume de Koryŏ 高 麗 (918-1392) jusqu’au début de la période du Chosŏn 朝 鮮 (1392-1910). Elle souligne, en même temps, l’importance d’étudier le placement et le contexte spatial des sculptures bouddhiques pour comprendre leur fonction rituelle.