2011
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Heidrun Zettelbauer, « Grenzwächterinnen der Nation. Geschlechteridentitäten in völkischen Vereinen der Habsburgermonarchie, 1880 bis 1918 », Austriaca : Cahiers universitaires d'information sur l'Autriche (documents), ID : 10.3406/austr.2011.4946
Dans la monarchie habsbourgeoise, les femmes ne furent en marge dans les milieux nationalistes allemands, elles y occupèrent au contraire une place centrale. Notamment au sein des «associations de défense» (Schutzvereine), où elles travaillèrent activement à la formation d’un modèle sexuel dichotomique, tout en construisant leur propre vie de manière cohérente selon des critères nationaux. Par leurs activités dans les milieux nationalistes, elles mirent en scène sur le mode performatif une identité «genrée», qui, pratiquée au quotidien, se consolida sur le plan matériel. Dans un contexte politique marqué par l’antisémitisme, le modèle des genres fourni par le nationalisme allemand leur conféra en tant que femmes appartenant à la bourgeoisie cultivée et possédante des positions de pouvoir par rapport à la population juive, ou encore légitima l’exclusion d’autres groupes sociaux. Pour les femmes issues de la petite bourgeoisie, ce modèle laissait entrevoir une ascension sociale à l’intérieur de la hiérarchie associative. Même si certaines femmes nationalistes poursuivirent des stratégies d’autopromotion apolitiques, cela ne doit pas masquer le fait que, derrière leurs œuvres de bienfaisance et leurs missions éducatives nationales, se cachait en réalité une action politique. Comme «gardiennes des frontières culturelles», ou en reconnaissant à la maternité une mission nationale, les activistes des milieux nationalistes allemands forgèrent et propagèrent des critères d’inclusion et d’exclusion à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur de la communauté nationale fantasmée.