2013
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Raphaëlle Guidée, « La roue de l’infortune : répétition et fin du monde dans La Marche de Radetzky », Austriaca : Cahiers universitaires d'information sur l'Autriche (documents), ID : 10.3406/austr.2013.4995
La roue de l’infortune : répétition et fin du monde dans La Marche de Radetzky. La structure répétitive de la saga des Trotta dessine un trajet bien connu, celui qui conduit par un mouvement de décadence progressive de l’épopée des origines à la prose de la défaite, de l’unité du monde à l’éclatement des nations, de la force des temps premiers à la faiblesse des derniers-nés. Mais, prophète à rebours de l’apocalypse, Joseph Roth pointe déjà les signes annonciateurs du désastre dans le temps cyclique de l’âge d’or, dont la «roue» paisible évoque moins le mythe d’un passé héroïque que le cercle médiocre d’une existence routinière. D’abord utilisée comme un moyen d’appréhender la fin d’un monde, la répétition permet ainsi finalement de discerner la loi obscure d’une époque dont le caractère destructeur se lit moins dans les grands événements de l’histoire nationale ou la trajectoire décadente de la saga familiale que dans la mélancolie d’un temps figé et les ruptures infimes de l’habitude.