2012
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Stéphane Rosière, « Vers des guerres migratoires structurelles ? (Towards structural migratory wars ?) », Bulletin de l'Association de Géographes Français, ID : 10.3406/bagf.2012.8245
Cette communication se propose d'envisager les migrations internationales contemporaines, et plus particulièrement les migrations Nord/Sud, non seulement comme une «crise structurelle » mais comme une guerre non déclarée. Engendrées par les déséquilibres économiques mondiaux les flux migratoires relient, pour l'essentiel, des pays pauvres à des pays plus riches (du Nord ou du Sud, du Bangladesh vers l'Inde par exemple). La pression migratoire constante qui s 'exerce sur les pays les plus riches, et notamment la Triade, génère une politique d'accroissement de leur surveillance (notion de «rebordering ») contradictoire avec l'esprit de la mondialisation. Nous appelons «teichopolitique » la politique de fermeture de territoires. Celle-ci se manifeste entre autres par la construction de «barrières frontalières » de haute technologie qui tendent à ceinturer les pays développés qui sont liés à une gestion «intelligente » des flux transfrontaliers dans des check-points. Mais l'édification de ces barrières, corrélée à une politique assumée de refus de visas, génère de dangereuses pratiques de contournement des dispositifs frontaliers (administratifs, technologiques). Le contournement implique une augmentation de la létalité chez les migrants. Nous essayerons ici de dresser un bilan de cette létalité soulignant ainsi que le Nord, et certains pays du Sud, sont entrés dans une guerre migratoire de basse intensité, une guerre structurelle qui remet évidemment en cause la présentation dominante de la mondialisation comme processus pacifique et pacificateur.