Le rôle des traditions dans la genèse d'un sentiment national au XVe siècle. La Bourgogne de Philippe Le Bon .

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1971

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Yvon Lacaze, « Le rôle des traditions dans la genèse d'un sentiment national au XVe siècle. La Bourgogne de Philippe Le Bon . », Bibliothèque de l'École des chartes, ID : 10.3406/bec.1971.449897


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Résumé Fr

L'extraordinaire expansion de la puissance bourguignonne sous Philippe le Bon se comprend mieux à la lumière d'un vaste mouvement de propagande, qui se traduit particulièrement dans les « mises en prose » contemporaines de textes épiques. Le souvenir du royaume de Bourgogne-Provence justifie la faveur de la cour ducale pour une « épopée de la révolte » hostile aux Carolingiens : citons entre autres la prose de Girart de Roussillon (G. de Vienne, adversaire de Charles le Chauve) par Wauquelin (1447). Auberi le Bourguignon évoque le roi Boson (f 887) et sa descendance. Garin le Lorrain nous introduit dans la tradition « lotharingienne », qui rattache en revanche Philippe le Bon à ces mêmes Carolingiens pour soutenir certaines de ses revendications en terre d'Empire. Cette tradition explique le succès des Annales Hannonie de Jacques de Guise (traduites par Wauquelin), ainsi que d'un « cycle de la croisade » centré sur Godefroy de Bouillon, Baudouin IX de Flandre ou Jean d'Avesnes, et de textes d'inspiration analogue (G. de Trazegnies, G. de Chin, Comte d'Artois). Dans la ligne des prétentions brabançonnes à reconstituer le ducatus Lotharingie, Philippe le Bon revendique, en 1447-1448, une couronne royale de Brabant (traduction de la Chronique de Dynter par Wauquelin) ; le « mirage rhénan » rend également compte de ses politiques luxembourgeoise et alsacienne. Séduit par les figures des « rois » Bambaux (Radbod, adversaire des Pippinides) et Gondebaud, le duc songe à dominer l'imprécis regnum Frisie ; la traduction de la Chronographia de Jean de Веkа justifie ses visées sur Utrecht. La dynastie ducale se rattache volontiers aux héros antiques (Alexandre ; légende de Troie ; César) ou s'intéresse à ceux du roman « byzantin » et de la « matière de Bretagne », fondant les patrio- tismes régionaux dans le souci universel de l'entreprise d'Orient. Philippe le Bon — dont un « mystère » marque le désir de réconcilier « séparatisme » bourguignon et « patriotisme » français — revendique vainement une dignité royale en France (1419), puis en terre d'Empire (1447). Les héros de l'épopée, vénérés comme ancêtres de la dynastie et comme modèles pour la future croisade, justifient l'existence d'un « État » bourguignon, faite d'unité dans la diversité ; la tradition lotharingienne, prédominante, favorise la genèse d'un sentiment national concrétisé dans le concept de Belgique; 1447 et 1453 représentent des années-clés pour la littérature de propagande ducale. En 1474, le Téméraire, rallié à la tradition burgundo- provençale, rompra définitivement tous liens moraux avec le royaume de France.

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